Des mesures pour assurer le “droit à la déconnexion”

« La frontière entre travail et vie privée devient plus floue avec l’usage intensif des outils numériques. Sans régulation, les salariés risquent d’être constamment sollicités, entraînant stress et épuisement professionnel ».

Le droit à la déconnexion a été introduit en France par la loi Travail du 8 août 2016. Son objectif est de garantir aux salariés un équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle, en limitant les sollicitations numériques en dehors des horaires de travail.

Ce droit concerne toutes les entreprises, qui doivent, dans celles de plus de 50 salariés, négocier un accord ou adopter une charte précisant les modalités de son application. Cela peut inclure la mise en place de plages horaires sans courriels, la désactivation des notifications ou encore des formations sur la gestion du temps de travail.

L’essor du télétravail a renforcé l’importance de ce droit. En effet, la frontière entre travail et vie privée devient plus floue avec l’usage intensif des outils numériques. Sans régulation, les salariés risquent d’être constamment sollicités, entraînant stress et épuisement professionnel.

Si aucune sanction légale n’est prévue en cas de non-respect, un salarié peut invoquer ce droit en cas de surcharge ou de pression excessive. Le droit à la déconnexion s’inscrit ainsi dans une démarche de prévention des risques psychosociaux et d’amélioration du bien-être au travail.
Pour mettre en œuvre le droit à la déconnexion, les entreprises peuvent adopter diverses mesures telles que :

  • L’interdiction d’envoyer des e-mails professionnels en dehors des horaires de travail, sauf en cas d’urgence.
  • L’instauration de plages horaires de déconnexion, où les serveurs de messagerie et les outils de communication sont désactivés.
  • La mise en place d’outils de gestion du temps, permettant de planifier les e-mails pour qu’ils soient envoyés uniquement pendant les heures de bureau.
  • Des formations et sensibilisations des employés et des managers sur l’importance de la déconnexion et les bonnes pratiques à adopter.
  • Un suivi des temps de connexion, afin de prévenir le surmenage et garantir le respect des temps de repos.

Ces mesures ne bénéficient pas seulement aux salariés : elles sont aussi un levier de performance pour les entreprises. Un personnel reposé et moins stressé est plus productif, créatif et engagé. En adoptant une politique de déconnexion efficace, les entreprises favorisent une meilleure qualité de vie au travail tout en améliorant leur compétitivité.

L’absentéisme dopé par l’explosion des risques psychosociaux

L’absentéisme des salariés français a connu une augmentation spectaculaire au cours des cinq dernières années, enregistrant une hausse de 41 % depuis 2019 », souligne l’édition 2025 du Datascope publié par l’assureur AXA.

Dégradation structurelle

Avec un taux atteignant 4,5 % en 2024, l’absentéisme fait aujourd’hui jeu égal avec celui de l’année 2022, pourtant marquée par les vagues épidémiques du Covid-19. « Autrement dit, ce qui était anormal hier, est devenu la réalité d’aujourd’hui, et nous ne savons pas quand cela va s’arrêter », s’inquiètent les auteurs. Contrairement à ce que l’on aurait pu espérer, l’absentéisme poursuit donc sa hausse continue, si bien que le rapport parle d’une « dégradation structurelle ». Cette tendance est largement portée par l’augmentation des arrêts de longue durée. En effet, les arrêts de travail de plus de deux mois ont augmenté de 7,5 % par rapport à 2023 et de 58 % par rapport à 2019 !

Dégradation de la santé mentale

Même si de nombreux facteurs entrent en jeu, cette évolution s’explique pour une large part la dégradation de la santé mentale des travailleurs. Ainsi, les troubles psychologiques constituent désormais la première cause des arrêts de longue durée et touchent une population de plus en plus jeune.
En moyenne, l’âge de survenance de ces troubles est passé de 43,3 ans en 2019 à 40,9 ans en 2024. Aujourd’hui, un arrêt de longue durée pour trouble psychologique sur deux concerne une personne de moins de 40 ans. « Cette proportion était de 46 % en 2023, et de 40 % en 2021. Les troubles psychologiques représentent même près de 60 % des arrêts de longue durée des jeunes femmes, particulièrement touchées, contre un tiers pour les jeunes hommes », souligne
l’étude.

Améliorer la qualité de vie au travail

Bien entendu, cette santé mentale dégradée ne s’explique pas par des motifs exclusivement professionnels. Mais les risques psychosociaux semblent toutefois jouer un rôle très important. « En effet, si l’on s’intéresse au détail des causes des troubles psychologiques chez les jeunes, une évolution retient tout particulièrement l’attention : la hausse des “burn-out’’. Leur part a progressé de 15 % par rapport à 2023, et de 66 % par rapport à 2019 », observent les auteurs.
Pour lutter contre l’absentéisme, les employeurs devraient donc avant tout veiller à la bonne santé psychologique de leurs salariés. Il s’agit bien sûr de mieux évaluer, prévenir et traiter les risques psychosociaux mais aussi d’agir, plus globalement, sur la qualité de vie et les conditions de travail (QVTCT) des salariés. Lire la suite

25 % des salariés français ont une santé mentale dégradée… mais ce n’est pas une fatalité !

Dans un climat marqué par une pro fonde inquiétude, la santé mentale des salariés français reste fort dégradée en 2025.

Tous les secteurs concernés

C’est l’un des grands enseignements de la dernière édition du Baromètre Santé Mentale réalisé annuellement par le cabinet Qualisocial et l’Ipsos (1). Selon cette enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 3000 salariés français des secteurs publics et privés, 25 % d’entre eux se déclarent “en mauvaise santé mentale”.
Si tous les secteurs d’activité sont touchés, certains, comme l’administration publique, la restauration, l’hébergement médico-social ou l’action sociale, présentent des taux alarmants, avec près d’un salarié sur trois se déclarant en mauvaise santé mentale.

Manque de confiance dans l’avenir

L’enquête permet aussi d’identifier des facteurs de fragilité liés à la situation des individus. Les femmes de moins de cinquante ans, les salariés à temps partiel, les personnes issues de foyers monoparentaux ou atteintes de maladies chroniques présentent une santé mentale beaucoup plus dégradée que la moyenne. Mais le facteur déterminant de l’état psychologique est le niveau de confiance dans l’avenir. “Un salarié ayant une faible confiance dans l’avenir a 4,3 fois plus de probabilité d’être en mauvaise santé mentale”, notent les auteurs.

La prévention fonctionne !

Il ne faudrait toutefois surtout pas en déduire que la santé mentale dépendrait avant tout du tempérament des individus si bien que les entreprises seraient impuissantes à améliorer l’état psychologique de leurs collaborateurs.
L’étude démontre en effet que les actions de prévention des risques psychosociaux permettent d’obtenir des effets très significatifs. En moyenne, les salariés des entreprises ayant mis en place trois actions de prévention des risques psychosociaux sont 1,3 fois plus nombreux à se déclarer en bonne santé mentale que ceux des entreprises n’ayant mis en place aucune action.

Performance globale

Or cette amélioration de la santé mentale a des effets très positifs sur l’implication des collaborateurs. Dans les entreprises soucieuses de prévention, les salariés disent être “plus engagés au travail” (+20 %) avoir “plus d’énergie au travail” (+23 %). Enfin, ils sont beaucoup plus enclins à “recommander leur entreprise” (+35 %).
Autant de résultats qui prouvent qu’il n’y a aucune fatalité à la déprime et à l’anxiété des salariés français. Des actions de prévention des risques et d’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail (QVTCT) peuvent contribuer de façon prépondérante à les rasséréner et même les remobiliser !

  • Baromètre Santé mentale et QVCT pour 2025”, réalisé par Qualisocial avec l’Ipsos, janvier 2025.

Violences externes – Comment protéger ses salariés ?

« Un climat d’insécurité génère toujours une dégradation du climat social et empêche les salariés de développer leur potentiel. Il plombe l’enthousiasme et la motivation, entrave la créativité, accroît l’absentéisme et amoindrit la loyauté envers l’entreprise et envers les clients… »

Chauffeurs de bus, enseignants, médecins, guichetiers d’agences bancaire, téléopérateurs, commerçants, caissières de supermarché, releveurs de compteur, livreurs, agents d’entretien, réparateurs, etc. Les travailleurs en contact avec le public sont de plus en plus nombreux à subir des actes de violences de la part de clients, d’usagers ou de patients. Face à ce vent mauvais, entreprises et administrations peuvent – et même doivent – prendre des mesures pour protéger la santé physique et mentale de leurs employés.

Le constat est hélas largement partagé selon un récent sondage de l’Institut: Elabe, “77 % des Français font le constat d’une société de plus en plus violente” et 60 % déclarent se sentir souvent (17 %) ou de temps en temps (43 %) “inquiets pour leur propre sécurité”. Or, cette montée de la violence n’épargne évidemment pas le monde du travail, de nombreux travailleurs étant exposés à ce que l’on appelle les “violences externes”. En 2010, 15 % des salariés du régime général et 23,5 % des salariés de la fonction publique déclaraient avoir subi au moins une agression verbale au cours des douze derniers mois. Et ils étaient respectivement 2 % et 4 % à signaler avoir été victime d’au moins une agression physique durant la même période. Or, chacun sait que la situation est très loin de s’être améliorée depuis…

Une grande variété de violences

Pour cerner l’ampleur du phénomène, il faut d’abord bien comprendre que les violences externes ne sont pas constituées des seuls actes criminels. Comme le souligne l’INRS, elles comprennent en effet l’ensemble des “insultes, menaces, agressions physiques ou psychologiques, exercées contre une personne sur son lieu de travail, par des personnes extérieures à l’entreprise, y compris des clients et qui mettent en péril sa santé, sa sécurité ou son bien-être”.
Les violences externes ne se limitent donc nullement aux actes pouvant donner lieu à des poursuites pénales. Ainsi, un employé de service après-vente régulièrement exposé à la colère des clients qu’il gère est incontestablement victime de violences externes, même si l’agressivité de ceux-ci relève de la simple grossièreté et ne les expose pas à des poursuites.

De multiples facteurs de risque

Pour identifier les causes de l’explosion des violences externes, l’INRS évoque plusieurs facteurs de risque. Il pointe ainsi des causes économiques et sociales, comme la précarité de certains publics et des causes socioculturelles comme “l’évolution des codes du savoir-vivre ensemble”. “Les manières de parler, d’interpeller l’autre, de se comporter avec lui… divergent selon les valeurs, les codes culturels et les modes d’éducation de chacun”, observent les experts.

Mais il faut aussi compter avec des facteurs liés à l’organisation de l’entreprise ou à la gestion de la relation avec les clients ou les usagers. Ainsi, des produits ou services ne correspondant pas aux attentes du client ou délivrés avec retard démultiplient bien évidemment les occasions de tensions. Lire la suite

La prévention des risques, puissant levier de performance

« En liant “bien faire” et “bien- être”, les démarches de QVT créent un cycle vertueux dans lequel l’épanouissement des salariés et l’efficacité de l’entreprise se renforcent mutuellement. »

“Souvent perçue comme une contrainte, voire un coût, la prévention peut, si elle est intégrée à la marche de l’entreprise, contribuer à l’amélioration de sa productivité et de sa performance”, souligne la revue Hygiène et sécurité du travail, publiée par l’INRS (1). Pour les experts consultés, la prévention des risques ne permet pas seulement d’éviter les coûts directs et indirects liés aux accidents du travail et aux maladies professionnelles. Elle relève, plus globalement, d’une démarche de progrès continu bénéfique à la performance globale de l’entreprise. Voici une synthèse de leurs arguments.

Réduire le coût des indemnisations et cotisations AT-MP.

En évitant les accidents du travail et les maladies professionnelles, les actions de prévention des risques professionnelles permettent de réduire les “dépenses liées aux indemnités journalières, à l’indemnisation des victimes à la suite du sinistre, et celles liées aux soins”. En effet, même mutualisées entre les entreprises d’un secteur professionnel, comme c’est le cas pour les entreprises de moins de 20 salariés, ces dépenses ne sont pas anodines. Chargés de mission TPE-PME à l’INRS, Patrick Laine et Marc Malenfer, soulignent ainsi que “pour l’activité de maçonnerie, le taux de cotisation AT-MP, autour de 8 % de la masse salariale, est comparable à la marge dégagée par l’entreprise”.

Éviter l’absentéisme et la perturbation du fonctionnement.

Toute entreprise sait que lorsque l’un de ses membres est victime d’un accident ou d’une maladie, son fonctionnement est perturbé, ce qui entraîne également des coûts parfois considérables.
“L’arrêt de travail diminue immédiatement la capacité de production de l’entreprise et la prive d’une compétence. Les effets sont immédiats : la désorganisation génère des retards, une baisse d’activité, voire l’impossibilité de réaliser certaines tâches. […] Cette désorganisation va peser sur l’entreprise et l’obliger à recruter en urgence, recourir à l’intérim, accueillir et former les personnes dans la précipitation…”, expliquent Patrick Laine et Marc Malenfer.

Favoriser l’émergence d’une démarche de progrès continu.

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