Absentéisme : pénibilité et conditions de travail

“L’absentéisme demeure tributaire de l’environnement de travail et de la pénibilité ressentie.

“Un environnement professionnel considéré comme pénible impacte également fortement la santé des salariés et, partant, l’absentéisme”, écrivent les experts du Département Opinion et Stratégies d’Entreprises de l’Ifop dans une récente note d’analyse.
De la sorte, ils entendent souligner que, contrairement à une idée reçue, la hausse continue de l’absentéisme depuis plusieurs années n’est pas nécessairement une fatalité puisqu’elle résulte, au moins en partie, de facteurs objectifs sur lesquels il est possible d’agir à condition de bien les identifier.

Explosion des arrêts longs

Entendons-nous bien, les auteurs ne nient nullement l’évolution des mentalités et des comportements professionnels. Fins observateurs de la société, ils savent mieux que quiconque que le rapport au travail s’est profondément transformé ces dernières décennies et tout particulièrement dans le sillage des mesures sanitaires qui, lors de l’épidémie de Covid avaient mis le pays à l’arrêt. Mais ils mettent en garde contre la perception biaisée de l’absentéisme qui peut en résulter.
Ainsi, lorsque l’on parle d’absentéisme dans les médias ou même à la machine à café de l’entreprise, la première image qui vient est celle de l’absence du lundi matin permettant de prolonger le week-end ou les vacances scolaires. Ces abus sont avérés et exaspèrent légitimement la direction et encore davantage les collègues de ces individus à la conscience professionnelle déficiente. Reste que cette pratique douteuse ne concerne en fait qu’une infime minorité de salarié – seulement 2 % d’entre eux selon l’Ifop – et pèse très peu dans l’explosion du coût de l’absentéisme.
En effet, comme le soulignent les auteurs, « l’absentéisme long est celui qui pénalise le plus les organisations financièrement. Il pèse beaucoup plus lourd dans la sinistralité des arrêts de travail que l’absentéisme court ». Or, ce phénomène devient massif : « La tendance la plus inquiétante réside dans l’augmentation des arrêts de longue durée qui sont, de surcroît, de plus en plus longs ». Lire la suite

HYPERCONNEXION – 31 % des travailleurs français concernés

“Les notifications, sur le bureau ou les smartphones, participent à l’hyper-réactivité. Les conséquences sont multiples : baisse de la qualité conversationnelle, sentiment d’urgence permanent générant stress et anxiété.

Les salariés français enverraient en moyenne 38 courriels par semaine, et en recevraient 144. C’est l’un de enseignements de l’étude menée sur 9000 salariés par l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN). Mais les managers et les dirigeants seraient beaucoup plus sollicités et affectés par l’infobésité, cet excès d’information qui, sur fond d’essor des technologies numériques, menace la santé des travailleurs et la performance des organisations.

En moyenne, tout va bien ! Les salariés français envoient ou reçoivent 182 courriels par semaine. Selon l’Observatoire de l’infobésité, c’est très raisonnable, même si cela correspond quand même, pour une semaine de 35 heures, à un courriel traité presque toutes les 11 minutes !

Excès de courriels : managers et dirigeants en première ligne

En revanche, s’agissant des managers et des dirigeants, la situation est beaucoup plus préoccupante. Un manager enverrait en moyenne 47 courriels par semaine, et en recevrait 194. Un dirigeant d’entreprise serait, lui, à l’origine de 78 mails hebdomadaires et en trouverait 331 à traiter dans sa boîte mail sur la même période… Une quantité évidemment impossible à absorber et constitutive de ce que l’Observatoire appelle l’infobésité ou surcharge informationnelle.
En effet, comment parvenir à travailler correctement lorsque l’on est ainsi constamment sollicité et interrompu ? L’Observatoire a calculé qu’il ne reste en moyenne aux managers français que 11 heures par semaine durant lesquelles leur concentration n’est pas affectée par le traitement de courriels.

Impact négatif sur la santé et la performance

Un tel volume de courriels a bien sûr des effets néfastes sur la santé psychologique des collaborateurs de l’entreprise. « Le volume de courriels envoyés peut générer une incapacité à réaliser le travail prescrit. Il devient un facteur de stress et d’épuisement qu’il faut suivre. On parle alors de pénibilité numérique », mettent en garde les experts de l’Observatoire.
De surcroît cette prolifération des courriels nuit à l’efficacité de l’organisation et même à la bonne communication. L’Observatoire a ainsi établi que seuls 16 % des courriels reçus font l’objet d’une réponse, que 5 % sont transférés, que 15 % ont davantage de spectateurs (fonction « Cc ») que d’acteurs et que 2 % sont carrément des « courriels parapluie » ayant plus de 5 personnes en copie pour une seule personne en destinataire principal. En outre, 25 % des courriels générés sont la conséquence du « Répondre à tous » dans les conversations de 3 personnes et plus. Un tel excès dans le recours aux courriels est constitutif de ce que les auteurs appellent un « bruit numérique », aussi peu efficace que le brouhaha qui parfois recouvre les conversations dans les salles de réunion… Lire la suite

Le bureau « assis-debout » meilleur antidote à la sédentarité

« Le mobilier actif – comme les bureaux assis-debout – réduirait davantage la sédentarité que les stratégies dites “motivationnelles” qui consistent en de l’information par affiches, flyers, etc. »

Rester trop longtemps assis à son bureau n’est pas bon pour la santé. Or, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), 95 % de la population est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique et un trop long temps passé assis. Les mutations du travail n’y sont pas pour rien : dans une économie très tertiarisée et recourant massivement aux technologies numériques, la sédentarité fait figure de nouveau mal du siècle.

Des risques importants

Le problème n’est pas anodin car la sédentarité augmente le risque de maladies cardiovasculaires, de diabètes de type 2 et est associée à un risque accru de plusieurs cancers. Elle peut aussi augmenter la dépression ainsi que les troubles musculosquelettiques.

Plébiscite pour le mobilier actif

Afin d’évaluer l’efficacité des mesures prises pour prévenir ces risques, Santé publique France (SPF) a compilé 28 études scientifiques publiées entre 2012 et 2022. Le résultat est sans appel : « les interventions dites “environnementales” donnent les meilleurs résultats. En effet, le mobilier actif – comme les bureaux assis-debout – réduirait davantage la sédentarité que les stratégies dites “motivationnelles” qui consistent en de l’information par affiches, flyers, etc. » Autre information intéressante : « contrairement à une idée reçue, les postes de travail debout n’altèrent pas les performances cognitives ». Seul inconvénient : ce type de mobilier étant encore assez onéreux, il est probable qu’il n’investisse que progressivement les espaces de travail.

INFOBÉSITÉ : un colloque sur les bonnes pratiques numériques à la Défense le 6 novembre 2023.

« On reste loin d’un véritable respect du droit à la déconnexion »

Le référentiel 2023 de l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique montre que des efforts ont été accomplis par les salariés pour se prémunir des dangers de l’hyperconnexion. Alors qu’avec l’essor du télétravail, celle-ci avait bondi, elle tend maintenant à décroître très légèrement. Ainsi alors qu’en 2021, l’exposition élevée (50 à 150 soirées connectées pour raison professionnelle par an) ou critique (plus de 150 soirées par an) concernait 32,2 % des salariés, ce n’est désormais le cas que pour 31 % d’entre eux. Globalement, on reste toutefois loin d’un véritable respect du droit à la déconnexion, les plus touchés étant, sans surprise, les dirigeants qui, en moyenne, se reconnectent 117 soirées par an. Afin de mieux faire connaître les dangers de l’hyperconnexion pour la santé des travailleurs et la performance des entreprises, l’Observatoire organise, le 6 novembre 2023 à La Défense, un colloque notamment dédié à une présentation des bonnes pratiques numériques.

Pour en savoir plus : www.infobesite.org

Retrouvez cet article dans le numéro 452 de la revue d’information et d’analyse PREVENSCOPE : «La Prévention des Risques en Entreprise ».

Pénibilité au travail – L’économie verte est-elle dans le rouge ?

« La surexposition des salariés de l’économie verte se vérifie pour trois facteurs de risque : les vibrations, le bruit et les agents chimiques CMR »

Depuis une trentaine d’années, diverses politiques publiques ont favorisé une forte croissance des emplois relevant de l’économie verte qui, désormais, représentent déjà quelque 15 % des emplois en France. Dans le discours public, cette dynamique est triplement vertueuse car ces métiers sont non seulement censés protéger l’environnement et permettre une croissance économique durable mais aussi proposer de meilleures conditions de travail aux salariés. Une étude récemment publiée par la Dares (1) tend toutefois à relativiser ce dernier point en démontrant que les salariés de l’économie verte sont, aujourd’hui, davantage exposés à la pénibilité que ceux exerçant dans les autres secteurs de l’économie.

Les emplois de l’économie verte offrent- ils, comme on l’espérait, de meilleures conditions de travail que les autres emplois ? Pour répondre à cette question, trois chercheurs de l’Université Claude Bernard Lyon 1 missionnés par la Dares du Ministère du Travail se sont plongés dans les données recueillies par l’enquête Sumer dressant, depuis 1994, l’état des lieux de l’exposition des salariés aux principaux risques professionnels et facteurs de pénibilité.

Davantage de pénibilité dans l’économie verte

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