Rester assis au travail : un risque méconnu pour la santé

“Le pourcentage de personnes travaillant sur un ordinateur, un ordinateur portable ou un clavier tout le temps ou presque tout le temps est passé de 17,6 % en 2000 à 30,3 % en 2015.”


Un récent rapport de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-Osha) appelle à mieux prévenir les risques pour la santé induits par le maintien prolongé des positions assises ou debout au travail. Dans un contexte marqué par l’accroissement du travail sédentaire et l’explosion du télétravail, l’agence invite les employeurs européens à mieux évaluer et prévenir ce risque trop sous-estimé. Les experts sollicités rappellent notamment l’impact de cette posture de travail sur le développement des troubles musculosquelettiques (TMS), “première cause d’indemnisation pour maladie professionnelle en France” selon l’Assurance Maladies.

Dans l’imaginaire collectif, le travail assis n’est pas spontanément considéré comme dangereux. Et pourtant, à mesure que le travail sédentaire se répand en raison de la tertiarisation de notre économie, de nombreuses études pointent les risques insidieux que cette posture comporte pour la santé lorsqu’elle est adoptée de façon prolongée.

L’explosion du travail en position assise

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Du bon usage des exosquelettes

Les exosquelettes suscitent de grands espoirs en termes d’amélioration des conditions de travail, notamment pour réduire les troubles musculosquelettiques (TMS). Toutefois, deux récentes études réalisées l’une par l’INRS, l’autre par l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) invitent à ne pas les considérer comme des solutions miracles.

Autrefois futuristes, les exosquelettes ont fait leur entrée dans le monde du travail, aussi bien dans l’industrie que dans le secteur des services, avec toujours une promesse alléchante : combiner réduction des troubles musculosquelettiques et gains de productivité sur fond de vieillissement de la population active.

De l’homme augmenté à l’homme préservé

Deux études réalisées par l’INRS et l’UEOSHA incitent toutefois à la prudence(1). En effet, même si “le fantasme de l’exosquelette de science-fiction, visant à créer un homme ‘augmenté’, s’est effacé au profit de la recherche de dispositifs permettant avant tout de préserver le travailleur et de réduire sa fatigue”, des doutes subsistent quant à l’ergonomie de nombreux matériels. “Les exosquelettes peuvent soulager certaines contraintes musculaires locales mais ne réduisent pas la répétitivité des gestes. Il existe également un risque de déplacer ces contraintes sur d’autres parties du corps”, met en garde Laurent Kerangueven, ergo  nome à l’INRS. Un avis partagé par les experts de l’UE-OSHA qui soulignent “l’incertitude qui entoure leurs effets à long terme sur la santé et la nécessité de réaliser des études plus complètes”. Lire la suite

TMS et facteurs psychosociaux au travail

Par de l’European Trade Union Institute –  www.etui.org/fr

Comment expliquer que, malgré les importants efforts de prévention accomplis, les troubles musculo-squelettiques (TMS) ne cessent de progresser en Europe au point que leur coût pourrait atteindre 2 % du produit national brut de l’Union européenne ?

Dans un récent rapport réalisé pour le compte de l’European Trade Union Institute (ETUI), Yves Roquelaure, professeur de médecine en santé au travail et d’ergonomie au CHU d’Angers, envisage l’hypothèse d’un problème mal abordé. “La prévention des TMS repose depuis plusieurs années pour l’essentiel sur des interventions en milieu de travail visant à réduire l’exposition des travailleurs aux sollicitations physiques intenses et/ou répétitives par des mesures techniques ou organisationnelles”, explique-t-il. Or, si louable soit-elle, cette façon de faire ignore le rôle déterminant joué par les facteurs psychosociaux dans le développement des TMS. `

Pour surmonter cet écueil, le rapport suggère de promouvoir de nouvelles formes de management car “l’augmentation des marges de manœuvre des travailleurs, lorsqu’elle leur permet de déployer compétences et savoir-faire liés à leur métier et d’effectuer un travail de qualité, est un facteur de prévention des risques de TMS”. On ne saurait mieux souligner combien la prévention des risques mérite une approche globale plutôt que seulement technique et juridique !



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Prévenir le syndrome du canal carpien

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Syndrome du canal carpien

Syndrome du canal carpien

La Carsat Alsace Moselle a réalisé un site Internet afin d’aider les salariés et les employeurs à prévenir le déclenchement du syndrome du canal carpien (SCC), l’un des troubles musculo-squelettiques les plus répandus.

Il y a quelques années, j’avais des douleurs au poignet droit, je me suis dit : ce n’est pas grave, cela va passer… Je suis vendeuse au rayon charcuterie, j’effectue de nombreuses manipulations de produits… Depuis quelque temps, je ressens une douleur au niveau du coude qui se prolonge jusqu’à l’épaule…”, explique Agnès, 46 ans. C’est l’un des témoignages présentés par le site Internet spécialement consacré au syndrome du canal carpien (SCC) par la Carsat Alsace Moselle.

Le syndrome du canal carpien “fait partie des pathologies du type troubles musculo-squelettiques (TMS) reconnu comme maladies professionnelles dans le cadre du tableau57”. Sa compréhension exige un détour par l’anatomie.

“Dans le poignet, le nerf médian et les tendons fléchisseurs des doigts traversent un ‘tunnel’ nommé canal carpien. Ce canal est relativement restreint. Toute condition qui réduit cet espace, une inflammation par exemple, entraîne une compression du nerf médian.” Lire la suite

Les lombalgies représentent 20 % des accidents du travail

lombaire posEn 2015, les lombalgies ont représenté 167.000 accidents du travail, soit 19 % du nombre total d’accidents du travail. Les lom­balgies coûteraient ainsi à la branche AT/MP près d’un milliard d’euros par an. Un coût prohibitif qui s’explique notamment par le fait qu’une lombalgie sur cinq donne lieu à un arrêt de travail, et que ces pathologies représentent 30 % des arrêts de travail de plus de six mois.

La citation du mois

L’augmentation de la lombalgie semble liée principalement au développement des services à la personne. Ces structures d’aide à domicile emploient des salariés- souvent femmes – qui peuvent être amenés à réaliser de la manutention de personnes âgées ou de malades. Et donc à porter des niveaux de poids que l’on ne rencontre plus ou presque plus dans l’industrie.

Michel Niezborala, médecin inspecteur du travail, entretien accordé à La Dépêche, (www.ladepeche.fr), 21/11/16