Des salariés menacés de sanction s’ils se promènent sur une plateforme pétrolière avec une tasse à café sans capuchon. Un règlement exigeant que des travailleurs portent un casque lorsqu’ils marchent dans un champ de blé. Des pompiers interdits d’utiliser un escabeau dans leur caserne…
Pour Mikael Mourey, ces exemples d’absurdités réglementaires, glanés au fil d’une carrière qui l’a mené des marins-pompiers de Marseille à la direction santé et sécurité d’un grand groupe, témoignent de la dérive bureaucratique qui menace la prévention des risques.
Contre la fuite en avant réglementaire.
Comme il l’explique dans un récent ouvrage (1), ces règlements tatillons constitueraient l’héritage d’une approche bureaucratique de la sécurité datant de l’époque taylorienne avec ses tâches simples, répétitives et normées. Dans cet univers prévisible, la recherche de la conformité à la règle pouvait avoir du sens, si bien qu’elle a permis de diviser par quatre le nombre d’accidents mortels en France entre 1950 et 1990. Mais ce système serait désormais à bout de souffle puisque, malgré l’inflation des règles, le nombre d’accidents graves tend à se stabiliser depuis trente ans.
D’où une fuite en avant : puisque le nombre d’accidents ne baisse plus, c’est qu’il faut plus de règles et de normes, toujours plus strictes et contraignantes ! Fatale erreur, car lorsqu’un certain niveau de sécurité est atteint, “plus de règles” ne signifie pas “plus de sécurité”. Parmi d’autres effets pervers, l’auteur remarque que cet empilement de règles conduit à être davantage obnubilé par la conformité formelle aux règles que par la sécurité réelle. Lire la suite →