Juillet 2017 – Altersécurité n°132 – Pas facile de se déconnecter de son travail et d’Internet… Surtout d’Internet.

Éditorial – Pas facile de se déconnecter de son travail et d’Internet… Surtout d’Internet.

Veille du mois – Le Compte Pénibilité devient Compte Prévention : “Il faut que tout change pour que rien ne change…”

Dossier du mois – Actions de promotion de la santé des salariés : priorité à la prévention des risques professionnels !

Ressource du mois – Santé des dirigeants de PME : un livre pour sortir du déni.



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Le Compte Pénibilité devient Compte de Prévention

Compte de Prévention

Compte de Prévention

“Il faut que tout change pour que rien ne change…”

Le Premier ministre a envoyé, le 8 juillet dernier, une lettre aux partenaires sociaux précisant les intentions de son gouvernement à propos du Compte Personnel de Prévention de la Pénibilité. Conformément au souhait d’Emmanuel Macron, qui avait déclaré durant la campagne ne pas apprécier le terme de “pénibilité” parce qu’il associait le travail à une “douleur”, ce compte sera désormais renommé en “Compte de prévention”. Mais, au-delà, de ce recadrage sémantique, les mesures annoncées sont loin de représenter un quelconque bouleversement.

Sil fallait une preuve que la réforme an­noncée ne constitue pas une révolution, elle a été apportée par la réaction des partenaires sociaux. En effet, tandis que le Medef saluait sobrement “une décision pragmatique” tout en déclarant rester “vigilant”, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, très attaché à cette réforme emblématique du quinquen­nat Hollande, n’a pas caché son soulagement. “Il y a une bonne nouvelle, il faut le dire. Pour les salariés concernés, il y a toujours une prise en compte de la pénibilité au travail, avec de la réparation”, s’est-il réjoui au micro de RTL (1).

Compte de prévention : un changement essentiellement sémantique

Le leader de la CFDT se félicite particuliè­rement que “pour 6 critères de pénibilité, ce compte se maintient exactement comme il était prévu”. De fait, le projet dévoilé par Édouard Philippe prévoit que les obligations décla­ratives des employeurs seront maintenues pour 6 facteurs de risques professionnels sur les 10 initialement prévus : les activités exercées en milieu hyperbare, les tempéra­tures extrêmes, le bruit, le travail de nuit, le travail en équipes successives alternantes, et le travail répétitif. Lire la suite

Pas facile de se déconnecter de son travail et d’Internet… Surtout d’Internet !

« Pour certains salariés, loin de repré­senter un soulagement, la déconnexion représenterait une nouvelle contrainte »

Pour des millions de Français, les va­cances d’été approchent. Arriveront-ils pour autant à faire véritablement relâche et à se déconnecter de leur travail ? Un récent sondage, réalisé par la plateforme internet de recherche d’emploi Qapa.fr, incite à en douter (1). Quelque 61 % des personnes in­terrogées estiment en effet que “le travail est plus présent qu’avant pendant leurs congés”.

Addiction généralisée à la connexion

Cette difficulté croissante à maintenir une frontière entre vie privée et vie profes­sionnelle est bien sûre en grande partie liée aux nouveaux outils numériques qui nous permettent de rester joignables en toutes circonstances : le soir comme le week-end et bien sûr en vacances. “Selon différentes études, près de huit cadres sur dix affirment rester connectés en dehors de leurs horaires de bureaux. Ils sont presque aussi nombreux à considérer que cela augmente leur charge de travail, perturbe leur vie pri­vée et leur qualité de vie”, observe Cécile Désaunay, directrice d’études chez Futu­ribles (2).

Dès lors pourquoi décident-ils de rester connectés ? Pourquoi ne font-ils pas valoir leur “droit à la déconnexion”, récemment réaffirmé par la loi El Khomri mais déjà établi de longue date par la jurisprudence. Après tout, comme le rappelle Maître Lu­cien Flament dans Management, “en droit, les congés payés impliquent un repos effectif. Un salarié est donc fondé à refuser les solli­citations professionnelles pendant ses congés. Et si celles-ci lui sont néanmoins imposées, il peut réclamer la restitution des jours de congé entamés. (3)” Lire la suite

Santé des dirigeants de PME Un livre pour sortir du déni

“Malgré plus de 20 millions d’entreprises en Europe, il y a plus de statistiques sur la santé des baleines bleues que sur celle des entrepreneurs”, s’insurge Olivier Torrès.

Pour remédier à cette lacune, cet enseignant à l’université de Montpellier a créé un Observatoire de la santé des dirigeants de PME et piloté un ouvrage sur ce sujet encore tabou.

Comment expliquer que la santé des patrons de PME reste un sujet tabou ? Pour Oli­vier Torrès, plusieurs causes y concourent. Il y a d’abord une cause historique : les pionniers de la santé professionnelle, au XIXe et au début du XXe siècle se sont d’abord intéressés à d’autres catégories de travailleurs présentant alors une santé bien plus dégradée, comme les ouvriers. Mais il faut aussi compter avec le déni des chefs d’entreprise eux-mêmes. “Sous l’emprise de l’idéo­logie du leadership laissant peu de place aux mani­festations de faiblesse, ils évoquent rarement leurs problèmes de santé”, déplore-t-il. D’où un “dia­logue entre sourds et muets”.

Pourtant, comme le démontrent ses travaux, les patrons sont loin d’être épargnés par les risques professionnels et en présentent même de spéci­fique. Surtout lorsqu’ils dirigent des PME. Ainsi, comment ne pas évoquer le risque de surme­nage lorsque l’on sait qu’en moyenne ceux-ci ne dorment en moyenne que 6 h 30 par nuit et tra­vaillent 55 heures par semaine contre 38 heures pour l’ensemble des Français actifs ! D’autant que ces heures n’ont évidemment pas la même intensité que pour d’autres dirigeants. Lire la suite