Juillet / août 2023 – Altersécurité n°194

Éditorial – Et si les patrons de TPE et PME prenaient davantage soin de leur propre santé ?

Dossier du mois – Explosion de l’absentéisme. Comment agir pour s’en protéger ?

Entretien avec – Emmanuel Pochet : “L’amélioration des conditions de travail représente un puissant levier de performance ».

Ressource du mois – Choisissez le bon gant !



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Et si les patrons de TPE et PME prenaient davantage soin de leur propre santé ?

7 dirigeants sur 10 s’estiment « impactés au quotidien par le stress » et reconnaissent que celui-ci a des conséquences négatives sur leur patience (57 %), leur sérénité (56 %) et, dans une moindre mesure, leur capacité à prendre des décisions (34 %).

Les dirigeants d’entreprise, et singulièrement les dirigeants de TPE et PME ont une fâcheuse tendance à faire passer la santé de leur entreprise avant la leur. C’est ce que souligne une récente enquête réalisée par l’Institut Opinion Way pour MMA Fondation Entrepreneurs.

Elle révèle ainsi que près d’un dirigeant sur trois a déjà renoncé à consulter un médecin au cours des 12 derniers mois, « par manque de temps », parce qu’ils considèrent « devoir privilégier leur activité » ou parce que « leur état de santé n’est pas leur priorité actuelle ».
Or, même si 82 % des dirigeants se considèrent en bonne santé, lorsqu’on les questionne plus en détail, 7 sur 10 reconnaissent souffrir d’au moins une douleur physique, le mal de dos, les douleurs articulaires et les troubles du sommeil étant les plus citées.
De même 23 % admettent redouter de faire un burn-out ou une dépression avec une forte disparité selon la taille de l’entreprise :si seuls 8 % des dirigeants d’établissements de taille intermédiaires déclarent un état de santé psychologique « passable ou mauvais », c’est le cas de 19 % des patrons de PME et de 24 % des patrons de TPE. Enfin, 7 dirigeants sur 10 s’estiment « impactés au quotidien par le stress » et reconnaissent que celui-ci a des conséquences négatives sur leur patience (57 %), leur sérénité (56 %) et, dans une moindre mesure, leur capacité à prendre des décisions (34 %).
Autre donnée d’importance : près de 4 dirigeants sur 10 (37 %) éprouvent « des difficultés à concilier vie personnelle et activité professionnelle » dont 15 % beaucoup. Lire la suite

Explosion de l’absentéisme. Comment agir pour s’en protéger ?

“Les travailleurs âgés de 18 à 34 ans sont ceux qui ont le plus connu d’arrêts maladie au cours des 12 derniers mois. Ils sont 58 % dans ce cas contre 41 % pour les 50 ans et plus…C’est chez ces jeunes adultes que la progression des arrêts maladie est la plus importante : + 14 points contre + 7 points pour les 50 ans et plus. ”

S’il est un sujet sur lequel le ressenti des employeurs est validé par les statistiques, c’est bien celui de l’absentéisme. Le dernier baromètre réalisé par le groupe de protection sociale Malakoff Humanis fait ainsi état d’une nouvelle progression spectaculaire, quelque 50 % des salariés français ayant été au moins une fois en arrêt maladie dans les douze derniers mois. Face à ce phénomène ravageur pour les entreprises et la société, il est toutefois possible d’agir.

Les chiffres sont tout simplement alarmants. Malgré la sortie de la crise sanitaire, la prescription d’arrêts maladie augmente encore cette année et connaît une hausse continue depuis 3 ans.

1 salarié sur 2 arrêté

Quelque 50 % des salariés se sont vus prescrire un arrêt maladie au cours des 12 derniers mois, soit une progression de 8 points depuis l’année dernière et de 14 points depuis 2020.
L’indicateur atteint ainsi son plus haut niveau depuis 2016, battant le précédent record de 2019, où il s’établissait à 44 %.
Mais ce n’est pas tout ! Les arrêts multiples progressent également. 45 % des salariés se sont vus prescrire 2 arrêts de travail ou davantage lors des douze derniers mois, soit une progression de 4 points par rapport à 2022. De même, 45 % ont été arrêtés au cours des 12 derniers mois et au cours des 2 dernières années. Or, ils n’étaient “que” 39 % dans ce cas en 2022 et 33 % en 2021. Lire la suite

L’amélioration des conditions de travail représente un puissant levier de performance.

Emmanuel Pochet : “La réduction de la pénibilité permet d’éviter non seulement le déclenchement de maladies professionnelles mais aussi d’obtenir une nouvelle attitude, plus impliquée et positive, sur le travail.”

Emmanuel Pochet est gérant de Point Org Sécurité, société spécialisée dans l’accompagnement des entreprises en matière de prévention des risques et formateur en évaluation des risques professionnels. Fort de son expérience, il estime que la hausse de l’absentéisme ne constitue nullement une fatalité.

Certains commentateurs attribuent la hausse actuelle de l’absentéisme au désengagement des salariés. Partagez-vous cet avis ?

Nos contemporains ont effectivement un rapport au travail différent de celui des générations précédentes. L’IFOP a mesuré qu’en 2022, 84 % des salariés considèrent toujours que leur travail est « important » dans leur vie. En revanche, la part de ceux qui estiment que le travail est « très important » ne cesse de baisser depuis 30 ans. Elle s’établit aujourd’hui à 21 %, contre 24 % en 2021 et 60 % en 1990. Ajoutons que cette relative distanciation à l’égard du travail concerne presque toutes les catégories de travailleurs, aussi bien les hommes que les femmes, les jeunes que les moins jeunes.
Mais, à mon avis, il y a surtout un changement dans les attentes à l’égard du travail. Jusque dans les années 1990, le travail occupait une place prépondérante dans nos existences : on le voyait comme un moyen de gagner sa vie mais aussi comme le principal critère de réussite tout court. Désormais, c’est moins absolu. Comme en témoigne les nouvelles exigences d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, nos contemporains souhaitent toujours réussir leur vie professionnelle mais pas au point d’y sacrifier les autres aspects de leur vie et encore moins d’y laisser leur santé. Le travail a aujourd’hui une dimension moins sacrificielle que par le passé. Comme l’exprime fort bien une expression populaire, nos contemporains ne veulent pas « se tuer au travail ». Et ils souhaitent bien plus qu’auparavant s’y sentir bien. Peu importe le jugement que l’on porte sur cette évolution car elle s’impose à tous, si bien que les entreprises vont devoir composer avec ces aspirations.

Est-ce à dire que le haut niveau actuel d’absentéisme est une fatalité ?
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Choisissez le bon gant !

Une nouvelle campagne de l’INRS souligne la nécessité de choisir des gants adaptés aux risques spécifiques de chaque poste de travail.

« Nos anciennes affiches rappelaient l’importance de porter des gants de protection lorsque cela est nécessaire. Aujourd’hui, cette idée est bien assimilée. La difficulté vient plutôt du fait que ces gants sont parfois mal adaptés à la situation de travail », explique Valérie Genevès, experte d’assistance à l’INRS pour présenter la nouvelle campagne que l’organisme consacre à ce thème.

Le préalable indispensable de l’évolution des risques

Il existe en effet une grande variété de gants. Or, en fonction de la matière qui les compose, ces gants offrent des performances très variables face aux différents risques auxquels sont exposés les travailleurs : coupures, expositions aux produits chimiques et aux agents biologiques… À chaque risque correspond donc un gant spécialement conçu pour le réduire efficacement. L’évaluation des risques est donc un préalable indispensable pour choisir l’équipement de protection le plus approprié. Reste que les entreprises peuvent avoir des difficultés à identifier le gant adapté à leurs besoins. Pour les aider dans cette démarche, l’INRS met en avant deux ressources fort utiles : « Protecpo (1), un outil en ligne et libre d’accès permettant d’identifier les matériaux constitutifs d’équipements de protection cutanée adaptés notamment contre les solvants et mélanges de solvants, et la norme FD CEN ISO/TR 8546 (2) donnant les performances des différents gants de protection vendus sur le marché. ».

Vérifier l’état des gants

Autre précision nécessaire : les gants ne doivent pas seulement être adaptés aux risques identifiés mais à la main de celui ou celle qui va le porter. La remarque vaut particulièrement pour l’équipement des travailleurs saisonniers et intérimaires qui héritent parfois d’équipements commandés pour d’autres salariés n’ayant pas nécessairement la même morphologie. Enfin, ultime point souligné par l’INRS : les gants perdent en efficacité à mesure qu’ils s’usent et vieillissent. Il faut donc veiller à ce qu’ils soient toujours en bon état.
(1) https://protecpo.inrs.fr
(2) www.iso.org/fr/standard/83208.html