Prévention des risques : une étude souligne le rôle crucial des intervenants extérieurs

consultant K“Près de 60 % des employeurs publics et privés ont pris des mesures de pré­vention des risques en 2013. Mais ces mesures n’ont pas toujours fait suite à une démarche formalisée d’évaluation des risques pour la san­té et la sécurité de leurs salariés puisque seuls 46 % des employeurs ont élaboré ou mis à jour un document unique d’évaluation des risques professionnels”, révèle une récente étude réalisée par le ministère du Travail (1).

Élaboration du document unique : une obligation très inégalement respectée

Pour les auteurs, ce décalage est double­ment surprenant. D’abord parce que la réalisation et la mise à jour annuelle de ce document sont “obligatoires pour tous les employeurs depuis 2001”. Ensuite parce que le document unique, loin de représenter une simple contrainte administrative, re­présente un précieux outil opérationnel au service de la prévention. En effet, il permet de “bien identifier tous les risques encourus sur le lieu de travail et de conduire des actions de prévention” de façon raisonnée en concen­trant les moyens disponibles sur les priori­tés révélées par l’évaluation. Lire la suite

Hygiène de vie et bien-être au travail

100 questionsComme le démontre la généralisation de l’assurance complémentaire santé pour les salariés, les entreprises sont de plus en plus considérées comme des acteurs à part entière de la santé publique. Ainsi, progressivement, on n’attend plus seule­ment des employeurs qu’ils préviennent les risques auxquels peuvent être expo­sés leurs employés en raison de leur activité professionnelle mais aussi qu’ils assurent la promotion de bonnes “habi­tudes de vie”, notamment dans le cadre des actions menées dans le cadre de la Qualité de vie au travail (QVT). Afin de les aider dans ces démarches que l’on peut qualifier de “néo-hygiénistes”, les auteurs présentent les pratiques expérimentées au Québec où cette démarche est déjà mise en oeuvre depuis de nombreuses années. Parmi les thèmes évoqués : la lutte contre les addictions ou la malbouffe au travail, la sensibilisation des salariés à l’importance de l’activité physique et l’incitation à mieux gérer leur sommeil… La légitimité d’une telle extension du do­maine d’intervention des entreprises sur le terrain de la santé mériterait certes un vrai débat. Mais nul ne doute qu’elle soit bien dans l’air du temps, notamment en raison des difficultés rencontrées par la Médecine du travail et de l’allongement de la vie professionnelle.

Laurence Breton-Kueny, Hélène Coulombeix, Marie-Claude Pelletier, Editions Afnor, mars 2016, 258 p., 26

Santé et sécurité au travail : les nouvelles priorités de la “responsabilité sociétale de l’entreprise”.

baromtre-des-enjeux-rseL’édition 2016 du “Baromètre des enjeux RSE”, réalisé conjointement par Malakoff Médéric et l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (Orse) révèle une prise en compte croissante des enjeux de santé et de sécurité dans les politiques de RSE. Il souligne aussi que, pour la quasi-totalité des dirigeants d’entreprises, les actions en faveur de la santé et la sécurité au travail contribuent à améliorer la performance globale des entreprises. Voici les principaux enseignements de cette enquête.

Santé et sécurité : des enjeux croissants

Dans le cadre de cette enquête sur la RSE (Responsabilité Sociétale des Entre­prises), Malakoff Médéric a interrogé plus de 200 entreprises et le constat est sans appel : 69 % d’entre elles ont intégré des enjeux de santé, de sécurité et de qua­lité de vie au travail dans leurs actions de RSE et mentionnent l’existence de dispo­sitifs en faveur de ces domaines. Le chiffre grimpe même à 87 % pour les grandes en­treprises dont le chiffre d’affaires est su­périeur à 1 milliard d’euros. Enfin, preuve que les entreprises ont compris que leur responsabilité s’exerçait d’abord à l’égard de leurs salariés, “l’amélioration de la qua­lité de vie au travail vient en 4e position des objectifs prioritaires de la RSE […], devant les préoccupations environnementales”. Lire la suite

Vers un “droit à la déconnexion” dès janvier 2017

Deconnexion2La commission des affaires sociales de l’As­semblée nationale a adopté hier l’article du projet de loi Travail relatif au “droit à la dé­connexion” des salariés en fixant sa mise en œuvre au 1er janvier 2017. Concrètement, cette disposition prévoit qu’au sein de chaque entreprise de 50 salariés et plus, employeur et employés discutent chaque année de “l’utilisa­tion des outils numériques”, “en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congés”. De la sorte, le législateur souhaite rétablir un néces­saire équilibre – et une certaine étanchéité – entre les sphères professionnelles et person­nelles. Des études démontrent en effet qu’un tel équilibre est bénéfique à la santé mentale des travailleurs. Toutefois, nombre d’experts estiment aussi que cette déconnexion dépen­dra avant tout de la capacité de chacun à se discipliner en prenant conscience des risques associés à un usage intempestif des outils numériques. À cette fin, il n’est pas inutile de consulter un récent article de la revue Références en santé au travail consacré à ces risques : dépendance, stress, risque routier et TMS…

Pour aller plus loin : “Dépendance à la téléphonie mobile et risques associés”, Références en santé au travail, n°145, mars 2016, consultable sur www.rst-sante-travail.fr

L’ennui au travail : un risque trop souvent négligé

le bore outDeux récents ouvrages soulignent la multiplication des cas de “bore-out”, cette pathologie frappant les personnes qui s’ennuient au travail, par manque de tâches à accomplir ou de défis à relever.

“J’arrive en fin de carrière et jamais je n’ai vu autant de gens atteints non pas de bactéries ou de virus, de maladie men­tale ou de traumatisme, mais d’autre chose engendré par la société qui va plutôt en s’ag­gravant”, s’alarme le docteur François Bau­mann, fondateur de la Société de formation thérapeutique du médecin généraliste dans un ouvrage consacré au bore-out (1).

Vers une épidémie de bore-out ?

Il n’est pas le seul à s’inquiéter de la pro­gression fulgurante de cette pathologie frappant les hommes et les femmes qui s’ennuient au travail. À l’aide d’un logiciel de statistique textuelle conçu par le CNRS, Christian Bourion, rédacteur en chef de la Revue internationale de psychologie et de gestion organisationnels (Ripco) a passé au crible des millions de témoignages sur la souffrance professionnelle. Et, contre toute attente, il a établi que la plus grande part des récriminations ne concernait nulle­ment l’excès de pression exercé par la hié­rarchie. “Les gens expriment avant tout leur ras-le-bol de ne rien faire. (2)

Inflation des process et robotisation…

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