Fortes chaleurs – Il faut s’y préparer dès maintenant !

« Dès le 1er juin et jusqu’à fin septembre, les agents de l’inspection du travail seront particulièrement mobilisés pour s’assurer que les employeurs prennent bien les mesures nécessaires pour protéger leurs salariés des risques entraînés par le travail lors des éventuelles vagues de chaleur ».

L’inspection du travail mobilisée tout l’été

Comme le souligne la Direction générale du travail (DGT), comme chaque année, de nombreux contrôles vont être organisés dans les secteurs où les conditions de travail sont fortement dégradées lors des vagues de chaleur : le BTP, la logistique, l’industrie, l’hôtellerie de plein air, la boulangerie, la restauration, le commerce, etc.

Selon la DGT, cette mobilisation est justifiée par la persistance de nombreux manquements. Le dernier bilan sur les conditions de travail, consacré à l’année 2023 relève ainsi que « certaines situations constatées étaient graves ». Exemple emblématique issu du bilan :  « Sur un chantier dans l’Ain, le 23 août à 16 heures, quatre travailleurs étaient occupés à couler des massifs en béton en plein soleil sous des températures comprises entre 38° et 40° selon les postes de travail. L’employeur n’avait pas modifié les horaires de travail et aucune pause supplémentaire n’était prévue. Les températures étaient du même ordre dans le vestiaire et le local de restauration, et le réfrigérateur ne fonctionnait pas. »

Le ministère précise que les contrôles ont donné lieu à des courriers d’observations, à des mises en demeure préalables à procès-verbal à des mises en demeure de la Directions régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS).

Anticiper les mesures à prendre pour maintenir l’activité

Pour éviter ces désagréments et protéger la santé de ses salariés, mieux vaut donc se préparer à l’arrivée des vagues de chaleur. Cette anticipation est d’ailleurs explicitement recommandée par le ministère du Travail qui suggère aux employeurs les actions préventives suivantes :

Identifier au préalable les tâches ou les postes concernés, en évaluant l’impact de l’organisation du travail et de l’aménagement des lieux de travail sur les risques encourus par les salariés”.

Mettre en place des mesures préventives (renouvellement de l’air des locaux, aménagement de zones ombragées, climatisées, brumisées, boissons fraîches, etc.)”.

Anticiper leur bonne mise en œuvre (vérifier le bon fonctionnement des installations de climatisation, des stores, etc.)”.

Prévoir l’organisation à déployer le temps venu (report de certaines tâches, modification des horaires, augmentation des pauses, rotation du personnel aux postes les plus exposés, organisation des secours…)”.

Mener une réflexion pour favoriser, pour les postes de travail concernés, l’utilisation des moyens d’aide à la manutention et choisir des équipements de protection individuelle (EPI) adaptés au travail par forte chaleur.” !

Cet effort d’anticipation est essentiel pour préserver la santé des salariés mais aussi pour assurer la continuité de l’activité dans de bonnes conditions quels que soient les aléas météorologiques.

Prévention des risques et vieillissement démographique

Les départs massifs à la retraite risquent de fragiliser la mémoire collective des entreprises et la culture de prévention et de sécurité…

À l’horizon 2050, le vieillissement de la population active constituera un défi majeur pour les entreprises françaises. Or, comme le souligne une récente étude prospective menée par l’INRS, cette évolution inéluctable nécessite de repenser les stratégies de prévention des risques professionnels.

Une prévention adaptée, condition de maintien en emploi

Selon les projections démographiques, la part des plus de 65 ans dans la population française devrait passer de 21,8 % en 2024à 27 % en 2050. Dans le même temps, la part des plus de 55 ans dans la population active grimperait, elle, de 18,3 % à 21,9 %. Ce phénomène, conjugué à un recul progressif de l’âge de départ à la retraite, risque de renforcer l’usure professionnelle et de multiplier les cas d’inaptitude au travail.
Afin de conjurer cette sombre perspective, la prévention des risques doit évoluer pour accompagner une main-d’œuvre plus âgée, mais aussi plus hétérogène en termes d’âge et de sexe. Il ne s’agira plus seulement d’adapter les postes, mais de transformer l’organisation du travail dans son ensemble. L’INRS insiste ainsi sur la nécessité de « respecter le principe d’adaptation du travail à l’humain dans une optique de soutenabilité »,

Assurer la transmission de la culture de prévention

Autre point d’importance : les auteurs soulignent que les évolutions démographiques impliquent également d’anticiper la transmission des savoirs en matière de santé et de sécurité. En effet, les départs massifs à la retraite risquent de fragiliser la mémoire collective des entreprises et la culture de prévention et de sécurité qu’elles avaient élaborée au cours de leur existence.

Un enjeu vital pour les entreprises

Au-delà des indispensables initiatives publiques qui accompagneront ce phénomène, les entreprises doivent comprendre que la prise en compte du vieillissement à venir de la population active est, pour elles, un impératif vital. En effet, sans amélioration durable des conditions de travail, d’actions de prévention de l’usure professionnelle et d’aménagement des parcours et des postes en fonction de l’âge, les entreprises seront confrontées à une explosion des coûts liés à l’absentéisme, à la perte d’attractivité et à la baisse de la productivité.

Agir dès maintenant sur les conditions de travail

Et c’est bien sûr dès maintenant qu’il faut agir. En effet, les jeunes travailleurs d’aujourd’hui sont les travailleurs âgés de 2050. Le meilleur moyen de relever le défi de l’accentuation du vieillissement de la population active consiste donc à améliorer dès maintenant les conditions de travail de tous les travailleurs, y compris des plus jeunes !

(1) “Évolutions démographiques à 2050, quels enjeux de santé et sécurité au travail”, in Références en santé au travail, n°181, mars 2025, consultable sur www.inrs.fr.

 

Condamnation de France Travail : une confirmation de l’obligation de protéger ses salariés des violences

« Même si les entreprises ne sont pas responsables des comportements de tiers, elles ont l’obligation légale de prévenir les risques et de protéger leurs salariés ».

Fin avril, France Travail a été condamné, en appel, pour « faute inexcusable »  à  la  suite  du  meurtre  d’une  conseillère  dans une  agence.  Cette décision rappelle, avec gravité, que les  employeurs ne sont pas seulement tenus de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger leurs  salariés  contre  les  violences  internes.  Ils doivent aussi agir pour les protéger des  agressions  externes.

Le 23 janvier dernier, la cour d’appel de Grenoble a confirmé la condamnation de France Travail (anciennement Pôle emploi) après le meurtre, en 2021de Patricia Pasquion, conseillère à l’agence Victor Hugo de Valence. L’établissement public devra verser 3000 euros au mari de la victime.

France Travail : un manquement lourd de conséquences

À l’appui de sa décision la cour souligne que, selon elle, France Travail « n’a pas pris les mesures nécessaires à prévenir un risque d’agression, y compris mortel, dont il avait ou aurait dû avoir conscience ». Patricia Pasquion, âgée de 54 ans, avait été tuée dans son bureau par Gabriel Fortin, surnommé le « tueur de DRH », qui avait pu accéder sans entrave aux bureaux des agents en raison de l’absence de séparation sécurisée entre la zone d’accueil et les bureaux. La cour d’appel a relevé que l’agence était pourtant identifiée comme « à risque » et que des précédents existaient : une note interne faisait état de 561 agressions recensées en 2016 dans les agences de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

« L’employeur avait parfaitement conscience des dangers qui pouvaient exister », a souligné l’avocat du mari de la victime, Me Dreyfus, ajoutant que cette décision pourrait « faire avancer les choses en termes de sécurité » (1).

Des décisions régulières sur l’obligation de protection

L’affaire France Travail n’est pas un cas isolé. De nombreuses décisions rappellent que les employeurs sont juridiquement responsables de la sécurité de leurs salariés face aux agressions extérieures. Ainsi, dans une autre affaire, une gardienne d’immeuble travaillant pour un office de HLM dans le Val-de-Marne a obtenu la reconnaissance de la faute inexcusable de son employeur après avoir été agressée verbalement et menacée de mort par deux locataires (2). Il ne s’agissait pas d’un incident exceptionnel : la salariée avait déjà été agressée à plusieurs reprises…

La cour d’appel de Paris a jugé que l’employeur avait pleinement conscience du danger auquel la salariée était exposée. Ce risque avait d’ailleurs été identifié dans le Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) de l’entreprise. Or, malgré cette identification, les mesures prises par l’employeur ont été jugées insuffisantes : la loge n’était pas équipée d’un dispositif de contrôle d’accès sécurisé tel qu’un visiophone, elle ne disposait pas non plus d’un moyen d’alerte rapide en cas de danger, et, même après l’accident, la salariée n’avait pas été mutée sur un poste suffisamment éloigné de son lieu initial d’agression.

La cour a donc estimé que si certaines mesures avaient été mises en place, elles n’étaient ni concrètes, ni suffisantes pour garantir la sécurité de la salariée. L’employeur a ainsi été condamné à indemniser l’ensemble des préjudices subis

Un contexte d’augmentation inquiétante des violences

Au-delà des décisions de justice, le contexte général renforce la nécessité d’agir. Selon un sondage de l’Institut Elabe, 77 % des Français estiment que la société est « de plus en plus violente », et 60 % se déclarent souvent ou de temps en temps inquiets pour leur sécurité (3).
Le monde du travail n’échappe pas à cette évolution. Chauffeurs, enseignants, médecins, commerçants, agents de sécurité ou encore téléopérateurs : de nombreux professionnels en contact avec le public subissent insultes, menaces ou agressions physiques.

Les employeurs n’ignorent d’ailleurs pas cette triste réalité. L’Observatoire Pôle Prévention des risques professionnels dans les petites entreprises, réalisé à partir de l’examen des Documents uniques d’évaluation des risques professionnels (DUERP) réalisés, en 2023, dans 5850 entreprises de 1 à 205 salariés a ainsi identifié que 26,19 % d’entre elles identifient « un risque lié à la malveillance » et que 20,91 % se disent « préoccupées par le risque d’agression de leur personnel » (4).

De graves conséquences pour les salariés et l’entreprise

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Travail sur écran : un guide pratique pour prévenir les risques

Fatigue visuelle, sédentarité exagérée, troubles musculosquelettiques… Le travail sur écran est devenu omniprésent mais comporte des risques trop souvent ignorés.

C’est pourquoi l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) vient de publier un nouveau guide pratique dédié à leur prévention.

Approche pragmatique

Ce document s’adresse à tous les acteurs de l’entreprise : employeurs, services de prévention, salariés et instances représentatives.
Il propose une approche pragmatique pour identifier et limiter les risques professionnels auxquels sont exposées les personnes travaillant sur écran. Comment bien positionner son poste de travail ? Quel mobilier privilégier ? Comment organiser son activité pour limiter la sédentarité ? Autant de questions auxquelles ce guide apporte des réponses concrètes et scientifiquement fondées.

Choisir son mobilier

Le document rappelle les principes fondamentaux pour une installation à l’ergonomie
optimale. Il insiste sur l’importance du choix du mobilier – hauteur du bureau ajustable, sièges adaptés, repose-pieds – ainsi que sur le bon positionnement des matériels informatiques. Un éclairage adapté et des pauses régulières sont aussi recommandés pour limiter la fatigue et améliorer la productivité.

Repenser l’organisation

En complément, le guide met en avant des solutions pour diversifier les postures de travail, comme l’utilisation de bureaux réglables permettant d’alterner entre positions assise et debout, ou encore l’introduction de sièges dynamiques. L’INRS souligne également la nécessité de repenser l’organisation du travail pour mieux répartir les efforts et éviter une exposition prolongée aux écrans.

Destiné aux employeurs comme aux travailleurs, ce guide (référence ED 6538) est librement téléchargeable sur le site de l’INRS : www.inrs.fr

Dialogue social : santé, sécurité et conditions de travail, en tête des attentes

Seuls 59 % des salariés estiment que l’entreprise “informe suffisamment les salariés des actions menées en matière de santé au travail” ou encore qu’elle “mène suffisamment d’actions en matière de santé au travail”.

Le Baromètre IFOP-Syndex sur l’état du dialogue social en entreprise est toujours scruté avec beaucoup d’attention tant il permet de se faire une idée précise de l’évolution du climat social. En effet, grâce à la consultation de 1878 représentants du personnel, 1303 salariés et 400 dirigeants, cette enquête offre un panorama très complet des attentes des différents acteurs du
dialogue social.

Consensus sur l’amélioration des conditions de travail

Publiée le 23 janvier, la dernière édition confirme, sans surprise, l’absence de consensus sur la qualité du dialogue social. En effet, si les dirigeants lui attribuent, en moyenne, une note de 7,8 (sur une échelle de 1 à 10), les salariés lui accordent une note de 6 tandis que les représentants du personnel ne lui concèdent qu’une note de 5,3.
C’est regrettable car, dans le même temps, dirigeants, salariés et représentants du personnel s’accordent parfaitement sur les sujets à traiter en priorité. Tous placent en tête “les conditions de travail”, “la santé et les risques psychosociaux” ainsi que la sécurité au travail, loin devant “les choix stratégiques de l’entreprise”, “l’égalité femmes-hommes” ou encore “les enjeux environnementaux”.
Dans le détail, les conditions de travail sont jugées “prioritaires” par 93 % des représentants du personnel, 76 % des salariés et 54 % des dirigeants ; la santé et les risques psychosociaux par 92 % des représentants du personnel, 65 % des salariés et 58 % des dirigeants. Et les mêmes plébiscitent également la sécurité au travail, avec respectivement 86 %, 75 % et 70 %. À titre de comparaison, la question pourtant cruciale de “la gestion des compétences et de l’emploi” n’est jugée prioritaire que par 61 % des représentants du personnel, 42 % des salariés et 33 % des dirigeants.

Santé et sécurité, vecteurs de performance sociale

Mais cet accord sur le caractère prioritaire des actions à mener en matière de santé, sécurité et conditions de travail ne signifie hélas pas que les salariés se montrent pleinement satisfaits à ce sujet. En effet, seuls 70 % d’entre eux estiment que “leur entreprise met en place des mesures pour les protéger des accidents du travail”. De même ils sont seulement 59 % à estimer qu’elle “informe suffisamment les salariés des actions menées en matière de santé au travail” ou encore qu’elle “mène suffisamment d’actions en matière de santé au travail”.
Des marges de progrès existent donc encore pour répondre à ces attentes. Les dirigeants devraient s’attacher à y répondre car nul doute que cela aurait un effet très bénéfique sur le climat social mais aussi sur l’attractivité de leurs entreprises. En effet, parmi les facteurs pouvant les inciter à “rester le plus longtemps possible dans leur entreprise”, les salariés placent en seconde position la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT), juste derrière la rémunération.