Absentéisme : pénibilité et conditions de travail

“L’absentéisme demeure tributaire de l’environnement de travail et de la pénibilité ressentie.

“Un environnement professionnel considéré comme pénible impacte également fortement la santé des salariés et, partant, l’absentéisme”, écrivent les experts du Département Opinion et Stratégies d’Entreprises de l’Ifop dans une récente note d’analyse.
De la sorte, ils entendent souligner que, contrairement à une idée reçue, la hausse continue de l’absentéisme depuis plusieurs années n’est pas nécessairement une fatalité puisqu’elle résulte, au moins en partie, de facteurs objectifs sur lesquels il est possible d’agir à condition de bien les identifier.

Explosion des arrêts longs

Entendons-nous bien, les auteurs ne nient nullement l’évolution des mentalités et des comportements professionnels. Fins observateurs de la société, ils savent mieux que quiconque que le rapport au travail s’est profondément transformé ces dernières décennies et tout particulièrement dans le sillage des mesures sanitaires qui, lors de l’épidémie de Covid avaient mis le pays à l’arrêt. Mais ils mettent en garde contre la perception biaisée de l’absentéisme qui peut en résulter.
Ainsi, lorsque l’on parle d’absentéisme dans les médias ou même à la machine à café de l’entreprise, la première image qui vient est celle de l’absence du lundi matin permettant de prolonger le week-end ou les vacances scolaires. Ces abus sont avérés et exaspèrent légitimement la direction et encore davantage les collègues de ces individus à la conscience professionnelle déficiente. Reste que cette pratique douteuse ne concerne en fait qu’une infime minorité de salarié – seulement 2 % d’entre eux selon l’Ifop – et pèse très peu dans l’explosion du coût de l’absentéisme.
En effet, comme le soulignent les auteurs, « l’absentéisme long est celui qui pénalise le plus les organisations financièrement. Il pèse beaucoup plus lourd dans la sinistralité des arrêts de travail que l’absentéisme court ». Or, ce phénomène devient massif : « La tendance la plus inquiétante réside dans l’augmentation des arrêts de longue durée qui sont, de surcroît, de plus en plus longs ». Lire la suite

TUTOPREV’ INTERACTIF – Des quiz pour sensibiliser les nouveaux embauchés aux risques de leur métier

15 % des accidents graves et mortels surviennent au cours des 3 premiers mois après l’embauche.

Lorsque les entreprises accueillent en leur sein de nouveaux salariés, des intérimaires ou des stagiaires, elles doivent les sensibiliser aux questions de santé et de sécurité. Afin de les aider dans cette démarche, l’INRS et l’Assurance maladie-risques professionnels ont développé, de longue date, TutoPrev’ : une série de brochures pratiques composées de planches illustrant des situations de travail caractéristiques du secteur d’activité, de fiches d’identification des risques et de tableaux détaillant, pour chacune, les mesures de prévention envisageables.

Ces brochures sont désormais disponibles sous forme de quiz interactifs en ligne pour dix secteurs d’activité : aide à la personne, BTP, hôtellerie-restauration, commerce, logistique, maintenance industrielle, métiers de l’énergie du bâtiment, réparation automobile, transport routier de marchandises, travail de bureau. L’enjeu est important car près de 15 % des accidents graves et mortels surviennent au cours des 3 premiers mois après l’embauche.

Par ailleurs, les salariés de 15 à 24 ans ont 1,5 fois plus d’accidents du travail que le reste de la population. L’INRS précise toutefois que ces modules ne constituent pas des formations : ce sont des outils permettant de “vérifier les connaissances en matière de santé et de sécurité au travail” et de “proposer, en cas de lacunes, des actions d’information, de formation ou d’accompagnement”.

(1) Tutoprev’ Interactif est disponible sur :
https://ressources.inrs.fr/tutoprev/index.html

HYPERCONNEXION – 31 % des travailleurs français concernés

“Les notifications, sur le bureau ou les smartphones, participent à l’hyper-réactivité. Les conséquences sont multiples : baisse de la qualité conversationnelle, sentiment d’urgence permanent générant stress et anxiété.

Les salariés français enverraient en moyenne 38 courriels par semaine, et en recevraient 144. C’est l’un de enseignements de l’étude menée sur 9000 salariés par l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN). Mais les managers et les dirigeants seraient beaucoup plus sollicités et affectés par l’infobésité, cet excès d’information qui, sur fond d’essor des technologies numériques, menace la santé des travailleurs et la performance des organisations.

En moyenne, tout va bien ! Les salariés français envoient ou reçoivent 182 courriels par semaine. Selon l’Observatoire de l’infobésité, c’est très raisonnable, même si cela correspond quand même, pour une semaine de 35 heures, à un courriel traité presque toutes les 11 minutes !

Excès de courriels : managers et dirigeants en première ligne

En revanche, s’agissant des managers et des dirigeants, la situation est beaucoup plus préoccupante. Un manager enverrait en moyenne 47 courriels par semaine, et en recevrait 194. Un dirigeant d’entreprise serait, lui, à l’origine de 78 mails hebdomadaires et en trouverait 331 à traiter dans sa boîte mail sur la même période… Une quantité évidemment impossible à absorber et constitutive de ce que l’Observatoire appelle l’infobésité ou surcharge informationnelle.
En effet, comment parvenir à travailler correctement lorsque l’on est ainsi constamment sollicité et interrompu ? L’Observatoire a calculé qu’il ne reste en moyenne aux managers français que 11 heures par semaine durant lesquelles leur concentration n’est pas affectée par le traitement de courriels.

Impact négatif sur la santé et la performance

Un tel volume de courriels a bien sûr des effets néfastes sur la santé psychologique des collaborateurs de l’entreprise. « Le volume de courriels envoyés peut générer une incapacité à réaliser le travail prescrit. Il devient un facteur de stress et d’épuisement qu’il faut suivre. On parle alors de pénibilité numérique », mettent en garde les experts de l’Observatoire.
De surcroît cette prolifération des courriels nuit à l’efficacité de l’organisation et même à la bonne communication. L’Observatoire a ainsi établi que seuls 16 % des courriels reçus font l’objet d’une réponse, que 5 % sont transférés, que 15 % ont davantage de spectateurs (fonction « Cc ») que d’acteurs et que 2 % sont carrément des « courriels parapluie » ayant plus de 5 personnes en copie pour une seule personne en destinataire principal. En outre, 25 % des courriels générés sont la conséquence du « Répondre à tous » dans les conversations de 3 personnes et plus. Un tel excès dans le recours aux courriels est constitutif de ce que les auteurs appellent un « bruit numérique », aussi peu efficace que le brouhaha qui parfois recouvre les conversations dans les salles de réunion… Lire la suite

SÉCURITÉ ROUTIÈRE : une nuit écourtée multiplie par 6 le risque d’accident de la route

« Près d’un quart des sujets testés (24 %) ont eu un accident après une nuit écourtée et, avant leur accident simulé, 67 % avaient connu au préalable des pertes de vigilance ».

25 sujets volontaires, sains et bons dormeurs (7 à 8 heures de sommeil par nuit), ont participé à une étude scientifique avec mise en situation réelle de conduite. Leur sommeil a été analysé sur 14 nuits avec l’application iSommeil. L’analyse sur simulateur a révélé qu’une nuit écourtée entraîne une multiplication par 6 du risque d’accident. Près d’un quart des sujets testés (24 %) ont eu un accident après une nuit écourtée et, avant leur accident simulé, 67 % avaient connu au préalable des pertes de vigilance. Un des directeurs de l’étude, le Professeur Patrick Lévy, directeur médical de BioSerenity, pneumologue et professeur de physiologie à l’Université de Grenoble, explique au sujet de l’étude : « Elle prouve la réalité concrète et objective de l’impact de la dette de sommeil sur la conduite. Tous les facteurs étudiés, qu’il s’agisse des pertes de vigilance, des temps de réaction ou des accidents, augmentent très fortement après une privation de sommeil. Et nous constatons des accidents uniquement sur les sujets ayant écourté leur nuit. »

Retrouvez cet article et le dossier complet « Prévenir les risques du travail de nuit » dans le numéro 452 de la revue d’information et d’analyse PREVENSCOPE : «La Prévention des Risques en Entreprise »

INFOBÉSITÉ : un colloque sur les bonnes pratiques numériques à la Défense le 6 novembre 2023.

« On reste loin d’un véritable respect du droit à la déconnexion »

Le référentiel 2023 de l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique montre que des efforts ont été accomplis par les salariés pour se prémunir des dangers de l’hyperconnexion. Alors qu’avec l’essor du télétravail, celle-ci avait bondi, elle tend maintenant à décroître très légèrement. Ainsi alors qu’en 2021, l’exposition élevée (50 à 150 soirées connectées pour raison professionnelle par an) ou critique (plus de 150 soirées par an) concernait 32,2 % des salariés, ce n’est désormais le cas que pour 31 % d’entre eux. Globalement, on reste toutefois loin d’un véritable respect du droit à la déconnexion, les plus touchés étant, sans surprise, les dirigeants qui, en moyenne, se reconnectent 117 soirées par an. Afin de mieux faire connaître les dangers de l’hyperconnexion pour la santé des travailleurs et la performance des entreprises, l’Observatoire organise, le 6 novembre 2023 à La Défense, un colloque notamment dédié à une présentation des bonnes pratiques numériques.

Pour en savoir plus : www.infobesite.org

Retrouvez cet article dans le numéro 452 de la revue d’information et d’analyse PREVENSCOPE : «La Prévention des Risques en Entreprise ».