“Souvenez-vous de votre premier emploi, des premiers jours passés dans une nouvelle entreprise ! Cette situation est celle que vivent, de façon récurrente, la plupart des travailleurs saisonniers. Saison après saison, ils découvrent et doivent s’adapter à de nouvelles entreprises, de nouvelles équipes, de nouvelles façons de faire.”
Agriculture, hôtellerie, restauration, tourisme… Cet été encore, de nombreux secteurs économiques vont recourir à des travailleurs saisonniers pour faire face à la hausse de leur activité. Or, d’après les statistiques, ceux-ci sont bien davantage exposés aux risques d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Des mesures de prévention spécifiques s’imposent donc pour préserver leur santé et leur sécurité tout en assurant l’efficacité de leur intervention.
Manque de qualifications et d’expérience
À l’exception de certains emplois spécifiques (maîtres-nageurs, moniteurs de ski, animateur pour la jeunesse), la plupart des postes occupés par des travailleurs saisonniers n’exigent aucune formation spécifique. Si bien que la plupart des emplois saisonniers ne sont pas pourvus par d’authentiques professionnels mais par des étudiants ou des demandeurs d’emploi qui n’exercent cette activité que de façon transitoire et occasionnelle.
Comparativement à leurs collègues employés à titre permanent, les saisonniers sont donc, en moyenne, moins qualifiés et dotés d’une plus faible expérience professionnelle. Ils ne maîtrisent pas tous les gestes du métier, ignorent souvent la législation et les règles qui s’appliquent en matière d’hygiène et de sécurité. De surcroît, conscient de leurs lacunes et désireux de ne pas les révéler, nombre de saisonniers se montrent réticents à poser des questions à leurs collègues plus aguerris.
Des éternels nouveaux embauchés
Souvenez-vous de votre premier emploi, des premiers jours passés dans une nouvelle entreprise ! Cette situation est celle que vivent, de façon récurrente, la plupart des travailleurs saisonniers. Saison après saison, ils découvrent et doivent s’adapter à de nouvelles entreprises, de nouvelles équipes, de nouvelles façons de faire, dans un cadre de travail fréquemment inconnu. Cette difficulté les expose davantage aux accidents de travail mais aussi à une fatigue psychique beaucoup plus intense. En effet, ils se savent jugés
et évalués par leurs nouveaux collègues et par leur hiérarchie et veulent d’autant moins décevoir que leur statut est très peu protecteur.
Des lieux de travail souvent moins bien conçus
Par nature, les travailleurs saisonniers sont nombreux à travailler dans des lieux de travail eux-mêmes saisonniers. Restaurants éphémères, buvettes de plages, food–trucks, aires de jeux, terrains de sport ou scènes de spectacles temporaires… Ces lieux de travail présentent souvent une ergonomie moins aboutie que les lieux ou les locaux de travail permanents. De même, il est avéré qu’en été les travailleurs saisonniers sont davantage exposés à la chaleur et aux risques qu’elle entraîne, notamment parce qu’ils travaillent plus souvent à l’extérieur que l’ensemble des salariés.
Un rythme de travail très soutenu
Embauchés pour faire face au surcroît d’activité de la haute saison dont dépend parfois la survie économique de l’employeur, les travailleurs saisonniers sont soumis à des rythmes de travail souvent
très soutenus. Fortement présents dans l’industrie touristique et de loisirs, ils ont fréquemment des horaires de travail atypiques : travail le soir et le week-end, journées découpées pour faire face aux pics d’activité. Des contraintes similaires se retrouvent dans le travail agricole, où les contraintes météorologiques et la maturité des fruits et légumes sont des facteurs incontournables. Ces rythmes de travail soutenus et désynchronisés sont une source de fatigue physique et psychique.
Des temps de repos moins réparateurs
Souvent employés loin de chez eux, les travailleurs saisonniers vivent dans des conditions plus précaires et sommaires que les salariés qui peuvent retrouver le confort de leur domicile après le travail.
De surcroît, l’ambiance souvent festive des lieux où ils sont embauchés l’été conduit nombre d’entre eux à négliger les nécessaires temps de récupération et l’hygiène de vie qui permettent pourtant de rester en forme et vigilant au travail. Cette situation mêlant inconfort et sollicitation festive est également associée à un surcroît de consommation de produits psychotropes : alcool, café, etc.
Déni des risques chez les jeunes saisonniers
Les travailleurs saisonniers sont plus jeunes que la moyenne et présentent les biais d’appréciation et de comportement propres à cet âge : déni du danger, sentiment d’invulnérabilité, goût du défi, attirance pour les excès, etc. Autant de traits qui ne sont évidemment pas neutres en termes d’exposition aux risques et qui doivent donc faire l’objet d’une sensibilisation et d’une attention accrue.
Quelles actions de prévention mettre en œuvre au profit des travailleurs saisonniers ?
En raison de leur plus grande exposition aux risques professionnels, les travailleurs saisonniers doivent faire l’objet d’une attention toute particulière de la part de l’employeur.
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Intégrer à l’équipe en prenant le temps de l’explication, de la formation et de l’adaptation
Pour améliorer la sécurité des travailleurs saisonniers, les entreprises d’accueil doivent d’abord changer de regard sur ces personnels. Le travailleur saisonnier n’est pas nécessairement “prêt à l’emploi”. Il a besoin, comme tous les autres travailleurs, d’explications, de formation, d’un temps d’adaptation. Comme le précise l’INRS, il est crucial de “prendre le temps de délivrer des informations indispensables au travail de l’intérimaire : description du poste, apprentissage des gestes, des modes opératoires, de l’environnement, des interventions prévisibles, facteurs de risques liés au travail, mesures de prévention associées, consignes d’évacuation et de premiers secours…”
Certes, il s’agit là d’un investissement en termes de temps. Mais il sera vite récompensé, car ces consignes contribuent aussi à l’efficacité du travailleur embauché.
Lorsque c’est possible, cette formation initiale peut être complétée par un accompagnement du saisonnier par une personne capable de l’aider et le conseiller en cas de difficulté. Une bonne intégration du travailleur saisonnier à son équipe de travail est le premier levier de prévention des risques.
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Évaluer et prévenir les risques spécifiques des postes occupés par des saisonniers
Comme pour ses salariés permanents, le responsable de l’entreprise doit pré- venir les risques professionnels auxquels sont exposés les intérimaires. “Toutes les entreprises ont désormais l’obligation de formaliser les résultats de l’évaluation des risques dans un document unique”, rappelle l’INRS. Cette obligation n’est pas de pure forme. En effet, son élaboration est l’occasion d’identifier les facteurs de risque qui touchent parfois des postes de travail particulièrement occupés par des travailleurs temporaires ou saisonniers. De surcroît, précise encore l’INRS, “le législateur a introduit la notion de postes à risques particuliers pour les intérimaires”. C’est le chef d’entreprise qui doit dresser, en se faisant éventuellement aider par un intervenant en prévention des risques professionnels, la liste des postes présentant des risques particuliers pour leur santé et leur sécurité.