En 2022, on a recensé en France quelque 8,8 millions d’arrêts maladie sur notre territoire, contre 6,4 millions dix ans plus tôt.
15 milliards d’euros dépensés en indemnités journalières…
Sans même compter l’impact ravageur qu’il a sur le fonctionnement des entreprises, cet absentéisme a contraint la Sécurité sociale à débourser 15 milliards d’euros en indemnités journalières l’année dernière…
Et ne croyez pas que ces mauvais résultats s’expliquent par la crise du coronavirus et les facilités accordées à cette occasion en matière d’arrêt de travail. En effet, il s’agit d’une tendance plus ancienne et plus profonde : selon la commission sénatoriale planchant sur la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023, entre 2012 et 2021, les dépenses liées aux arrêts de travail étaient déjà passées de 8,8 à 13 milliards. Dans un contexte budgétaire tendu, le gouvernement promet de réfléchir aux moyens d’alléger la facture pour l’État mais aussi pour les entreprises. En effet, selon le baromètre de l’absentéisme réalisé chaque année par le courtier en assurances Verlingue, le coût du maintien de salaire en 2022 représente déjà, pour les employeurs, l’équivalent de 3,7 % de la masse salariale ! Pour les entreprises, dont les résultats sont déjà fragilisés par un contexte économique morose et par la hausse du coût de l’énergie et de nombreuses matières premières, la lutte contre l’absentéisme représente dès lors un impératif vital. À cette fin, les experts de Verlingue suggèrent de mettre le paquet sur la prévention des risques professionnels.
Les ATMP à l’origine de 13 % des jours d’absence
En effet, si les accidents du travail et les maladies professionnelles (ATMP) ne représentent que 4 % des arrêts, ils totalisent 13 % des jours d’absence. Leur durée d’absence est plus de deux fois supérieur à une absence pour maladie ordinaire : 62,5 jours contre 28,1 jours ! C’est pourquoi, le courtier souligne que la rédaction du Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) et la mise en place d’actions de prévention représentent des enjeux majeurs pour les entreprises.
De surcroît, les bienfaits des actions de prévention ne se limitent pas à la réduction des accidents du travail et des maladies professionnelles. De nombreuses études démontrent en effet qu’elles contribuent aussi à renforcer la motivation des salariés.
Un effet crucial puisque chacun s’accorde à dire que l’explosion actuelle de l’absentéisme résulte, de façon prépondérante, du désengagement professionnel de nos contemporains.
Emmanuel Pochet
Directeur de Point Org Sécurité
(1) 3e édition du Baromètre Absentéisme Verlingue,
juin 2023, consultable sur www.verlingue.fr