“Les absences consécutives à accident ou maladie sont une plaie pour notre secteur car, dans les métiers du soin et de la beauté, nos clientes créent des liens forts avec nos salariées et sont fort désappointées lorsqu’elles sont absentes. En fait, pour fidéliser sa clientèle, il faut fidéliser ses salariés !”
Jennifer, directrice d’un Institut de beauté
Salons de coiffure, instituts de beauté, salons de manucure… Associés à la beauté, à la détente et à la séduction, ces lieux de travail recèlent pourtant des risques professionnels non négligeables pour les personnes qui y travaillent. La publication d’un nouvel outil TutoPrev’ Accueil (1) dédié aux métiers de la beauté est l’occasion de rappeler que, dans ce secteur comme dans bien d’autres, santé, sécurité et conditions de travail constituent des facteurs déterminant de performance. Retour d’expérience avec Jennifer, directrice d’un institut de beauté.
“Lorsque mes clientes se rendent dans mon institut, c’est pour prendre soin d’elles, passer un moment détente, et se faire du bien. Du coup, on en viendrait presque à oublier que, comme tous les métiers, le nôtre comporte un certain nombre de risques qu’il faut bien sûr réduire le plus possible”, s’exclame Jennifer.
Prise de conscience collective
Âgée d’une petite cinquantaine d’années, cette dynamique patronne d’un institut de beauté de la région d’Aix-en-Provence tient à être exemplaire en termes de santé, sécurité et conditions de travail. “Lorsque j’ai débuté dans le métier, nous étions moins attentifs aux questions de santé et de sécurité professionnelle, mais il y a eu une vraie prise de conscience collective”, argumente-t-elle. Elle-même a eu le déclic il y a une dizaine d’années, lorsque, après avoir changé de fournisseur de produits de beauté, elle a développé une allergie cutanée carabinée… “Depuis, admet-elle, je suis beaucoup attentive aux produits, à leur manipulation et, au-delà, à la prévention de l’ensemble des risques de notre métier.”
Les risques variés des métiers de la beauté
Dans le secteur de la beauté, les fameux “risques du métier” sont en effet plus variés qu’on ne l’imagine généralement. Et leur coût est prohibitif pour les TPE-PME. Comme l’Assurance-Maladie, les accidents du travail et les maladies professionnelles causent, chaque année, la perte de quelque 220000 journées de travail dans le secteur de la coiffure et 40000 dans celui des soins esthétiques.
Les statistiques de la sinistralité permettent de cibler les risques professionnels les plus fréquents. Dans la coiffure, 40 % des accidents sont liés à l’utilisation des outils et 37 % résultent de chute, essentiellement de plainpied, tandis que les maladies professionnelles reconnues sont à 80 % des lombalgies et des troubles musculosquelettiques (TMS) et à 20 % des affections respiratoires et cutanées causées par les substances chimiques, notamment contenues dans les teintures. Selon l’Assurance-Maladie, les accidents dont sont victimes les professionnels du soin esthétiques résultent, quant à eux, à 50 % de chutes et à 40 % de manutentions manuelles. Et la durée moyenne des arrêts de travail est de 57 jours pour les accidents et 182 jours pour les maladies professionnelles !
Lutter contre l’effet ravageur de l’absentéisme
“Les absences consécutives à accident ou maladie sont une plaie pour notre secteur car, dans les métiers du soin et de la beauté, nos clientes créent des liens forts avec nos salariées et sont fort désappointées lorsqu’elles sont absentes. En fait pour fidéliser sa clientèle, il faut fidéliser ses salariés !”, précise Jennifer. Pour cette raison, elle accorde une attention soutenue à la prévention des risques.
Concrètement, elle prend soin de mettre à jour chaque année son document unique et surtout s’en sert comme d’un outil de pilotage d’amélioration progressive des conditions de travail, avec l’appui d’un professionnel de la prévention. “La première année, confie-t-elle, j’ai revu l’organisation du travail pour instaurer une rotation des tâches de mes salariées pour lutter contre la monotonie et varier les gestes qu’elles accomplissent afin de prévenir l’apparition de TMS Et dans les prochains mois, je vais investir dans de nouvelles tables de soins plus ergonomiques pour les esthéticiennes et plus confortables pour les clientes.”
Les salariés heureux font les clients satisfaits
Une politique gagnante car, de son propre aveu, l’amélioration des conditions de travail a un impact très positif sur l’ambiance de travail, la qualité du service et l’expérience client. “Dans un secteur tel que le nôtre, conclut Jennifer, les contacts humains sont très importants. Par exemple, comment voulez-vous qu’un massage bien-être puisse faire du bien au client si la masseuse qui l’accomplit est elle même stressée et percluse de douleurs au dos ? En fait, c’est simple : les salariés heureux font les clients satisfaits !”
(1) Le nouvel outil TutoPrev’ Accueil consacré à la sensibilisation aux risques professionnels des nouveaux embauchés des métiers de la beauté est téléchargeable sur www.inrs.fr