Exposition aux CMR – Les nouvelles obligations à compter du 5 juillet 2024

La liste des salariés susceptibles d’être exposés aux agents CMR doit donc être établie en tenant compte de l’évaluation des risques transcrite dans le DUERP.

Le décret n° 2024-307, promulgué le 4 avril 2024, introduit des changements concernant la traçabilité et le suivi des travailleurs exposés à des agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR). Publié au Journal Officiel le 5 avril, ce décret impose aux employeurs de nouvelles obligations qui entrent en vigueur le 5 juillet. Voici quelques informations utiles pour s’en acquitter efficacement.

* Définition des CMR

Les agents CMR comprennent plusieurs types de substances dangereuses :

  • Des agents ou procédés cancérogènes : produit chimique (silice cristalline, poussières de bois, benzène…) ou procédé qui induit des cancers ou en augmente l’incidence.
  • Des agents mutagènes ou génotoxiques : produit chimique (acétaldéhyde, trichloréthylène…) augmentant la fréquence des mutations dans des populations de cellules et/ou d’organismes.
  • Des agents toxiques pour la reproduction ou reprotoxique : produit chimique (plomb, bisphénol A…) qui provoque des effets néfastes sur la fonction sexuelle et la fertilité des hommes et des femmes adultes, ainsi que des effets indésirables sur le développement de leurs descendants.

* Les secteurs d’activité les plus exposés aux CMR

Les secteurs les plus touchés par ces nouvelles obligations incluent :

  • Le bâtiment et les travaux publics.
  • La construction ferroviaire et navale.
  • La métallurgie, l’industrie du verre et des métaux.
  • L’industrie chimique et pharmaceutique.
  • L’industrie du cuir et du caoutchouc.
  • L’industrie pétrolière.
  • L’industrie du bois.
  • L’agriculture.
  • Les laboratoires de recherche.
  • Les services de maintenance et de nettoyage.

* Élaboration d’une liste des salariés exposés

Les employeurs ont jusqu’au 5 juillet 2024 pour établir une liste précise des travailleurs exposés ou susceptibles d’être exposés aux agents CMR. Cette liste devra détailler les substances en question, ainsi que la nature, la durée et le degré de l’exposition lorsqu’ils sont connus.

* Information et communication

Cette liste ne doit pas seulement être créée, mais aussi communiquée. Les employeurs doivent la rendre accessible aux travailleurs concernés. De plus, une version anonymisée doit être partagée avec les autres employés et les membres du Comité Social et Économique (CSE). Cette liste et ses mises à jour doivent être envoyées aux services de prévention et de santé au travail, qui sont tenus de les conserver pendant au moins 40 ans. Lire la suite

Nos conseils pour établir correctement la liste des salariés exposés aux CMR

Pour établir cette liste, le document unique d’évaluation des risques (DUERP) doit faire l’objet d’une mise à jour en veillant plus particulièrement à l’étude des risques chimiques.

Comme pour le DUERP dans son ensemble, cette liste doit déboucher sur un plan d’action de prévention opérationnel pour limiter voire supprimer l’exposition de vos équipes aux agents CMR extrêmement dangereux pour la santé. Le référent sécurité a alors toute sa place pour mener à bien ces actions.

Ayez ces 5 bons réflexes :

  1. Actualisez la liste dès que nécessaire (suppression d’agent CMR, installation d’un système d’aspiration…).
  2. Tenez à disposition des travailleurs les informations de cette liste qui les concernent personnellement.
  3.  Tenez à disposition des travailleurs et des membres de la délégation du personnel du comité social et économique cette liste présentée de manière anonyme.
  4.  Communiquez cette liste aux services de prévention et de santé au travail qui la conservera au moins 40 ans.
  5.  Pensez à la communiquer à l’entreprise de travail temporaire dès lors qu’un travailleur temporaire est mis à disposition.

PREVEN-BOX : un module d’e-learning pour sensibiliser au risque chimique

Promouvoir des solutions concrètes permettant de prévenir efficacement les risques chimiques

“Depuis plusieurs semaines Amaël, carreleur, a une forte toux. Le médecin évoque une maladie professionnelle. Qu’en est-il ? Quelle est la cause de sa maladie ? Et que peut-il faire ?
Accompagné d’Anna, experte en prévention des risques, il mène l’enquête. Son objectif : agir avant qu’il ne soit trop tard pour lui mais aussi pour ses collègues. Visite de son atelier et d’un chantier, entretien avec un ingénieur chimiste, rencontre d’une entreprise ayant mené des actions… Au cours de ces différents moments, Amaël en apprend plus sur son exposition aux agents chimiques dangereux, et également sur les causes de sa maladie et les leviers d’action.” C’est le scénario par lequel le nouveau module d’e-learning PREVEN-BOX sensibilise les travailleurs aux risques chimiques.

Ce module permet aux salariés qui le suivent de :

  • Prendre conscience de leur potentielle exposition à des agents chimiques dangereux.
  • Comprendre le risque chimique et ses enjeux.
  • Connaître les différents types d’agents chimiques dangereux, les sources d’exposition et les conséquences sur l’organisme.
  • S’informer sur les produits : Fiche de Données de Sécurité (FDS), étiquettes, pictogrammes…
  • Connaître ses droits et devoirs.

Cette PREVEN-BOX vise également à promouvoir des solutions concrètes permettant de prévenir efficacement les risques chimiques. À l’issue du module, le salarié formé connaît les démarches globales de prévention du risque chimique. Il sait aussi :

  • Organiser son activité en toute sécurité.
  • Choisir et utiliser les EPI protégeant contre les risques chimiques.
  • Stocker les produits selon les règles.
  • Réagir efficacement en cas d’accident.

Pour en savoir plus et accéder à la version démo : contact@pole-prevention.com

https://pole-prevention.com/formation/e-learning/

Prevention des risques du travail par forte chaleur

Il est impératif de connaître les gestes de premier secours

Alors que les premières fortes chaleurs touchent la France, l’INRS rappelle que le travail par forte chaleur constitue un risque professionnel et présente, dans une brochure, les comportements à adopter pour s’en protéger

“Au-delà de 30°C pour une activité de bureau et de 28 °C de  pour une activité physique, la chaleur peut représenter un danger pour la santé des salariés”, rappelle l’INRS. Dès lors, au-delà des mesures de prévention qui incombent aux employeurs, les salariés doivent aussi adapter leur façon de travailler.

Adapter sa façon de travailler

Les experts de l’INRS leur conseillent notamment aux travailleurs :

  • de boire régulièrement de l’eau, même s’ils ne ressentent pas la soif ;
    de porter des vêtements amples et de se protéger la tête et les yeux du soleil.
  • d’éviter ou réduire les efforts physiques trop importants ;
    d’adapter leur rythme de travail à leur tolérance à la chaleur ;
    d’utiliser systématiquement les aides mécaniques pour les ports de charge ;
    de privilégier autant que possible les zones ombragées pour tout travail extérieur ;

Reconnaître les signes d’un coup de chaleur

Autre conseil important : apprendre à identifier les signes qui peuvent annoncer des troubles importants pour la santé. Fatigue inhabituelle, malaise, maux de tête, vertiges, nausées, crampes ou propos incohérents ne doivent pas être pris à la légère car ils peuvent annoncer une déshydratation ou un coup de chaleur. Ce dernier pouvant être mortel, il est alors impératif de connaître les gestes de premier secours : alerter les secours (en formant le 15 ou le 112), amener la victime à l’ombre, lui ôter ses vêtements, lui faire couler de l’eau sur le corps et, si possible, lui donner à boire. Autant de consignes qui soulignent que si la chaleur d’été est habituelle, elle n’est pas pour autant anodine !

Pour en savoir plus : la brochure ED6372 de l’INRS est téléchargeable sur www.inrs.fr

Protocole de sécurité des opérations de chargement /déchargement

« Sécuriser le plus possible les conditions de travail des salariés va dans le sens d’un renforcement constant des actions de prévention à leur bénéfice. Il se révèle ainsi conforme à la volonté législative et réglementaire croissante sur ces questions. »

Précisions sur la participation aux opérations de chargement et de déchargement

Le Code du travail dispose qu’un protocole de sécurité doit être établi pour les opérations de chargement ou de déchargement réalisées par des entreprises extérieures transportant des marchandises, en provenance ou à destination d’un lieu extérieur à l’enceinte de l’entreprise utilisatrice, dite « entreprise d’accueil ». Que faut-il entendre par opérations de chargement et de déchargement ? À partir de quel moment la participation des salariés des entreprises extérieures à ces travaux rend-elle obligatoire l’établissement d’un protocole de sécurité ? Quelles sont les conséquences de la mise en place d’un tel document ? La Cour de cassation vient d’en donner une interprétation large, avec des implications sur les responsabilités engagées en cas de sinistre.

Explications.

De quoi parlons-nous ? Le protocole de sécurité a été créé pour organiser la protection des salariés d’entreprises extérieures qui interviennent, lors de missions de chargement et de déchargement au sein d’entreprises autres que la leur. Il se substitue alors au plan de prévention.
Le Code du travail définit cette mission comme une activité concourant à la mise en place ou à l’enlèvement sur ou dans un engin de transport routier, de produits, fonds et valeurs, matériels ou engins, déchets, objets et matériaux de quelque nature que ce soit.
Dès lors que l’activité effectuée est identifiée comme telle, un protocole de sécurité doit donc être mis en place. Il va alors contenir les informations utiles à l’évaluation des risques de toute nature qui sont générés par l’opération ainsi que les mesures de prévention et de sécurité à observer à chacune des phases de sa réalisation.
La Cour de cassation, dans une décision du 12 décembre 2023 (Chambre Criminelle, pourvoi n° 22 84.854), a précisé le périmètre de cette obligation. Dans cette affaire, à l’occasion d’un chargement de sacs de pommes de terre dans l’enceinte d’une société, un salarié de celle-ci avait heurté un chauffeur employé par une société extérieure. Dans sa chute, ce dernier avait eu les deux poignets fracturés. Pour expliquer qu’elle n’avait pas établi de protocole de sécurité avec l’entreprise qui la livrait, la société utilisatrice soulevait que c’est elle qui avait effectué les opérations de chargement et de déchargement.
En première instance, les deux entreprises avaient pourtant été condamnées pour non-établissement d’un protocole de sécurité, décision qu’elles avaient contestée devant la cour d’appel d’Amiens qui l’avait confirmée. Cette dernière avait en effet jugé que les deux entreprises auraient dû établir un protocole de sécurité pour les raisons suivantes : Lire la suite