“Lorsqu’on demande aux travailleurs d’évaluer le niveau de volume sonore auquel ils sont exposés sur leur lieu de travail, 27 % disent le juger “assez élevé” et 14 % “très élevé”
L’association Journée national de l’audition (JNA) a récemment publié la septième édition de son baromètre sur l’audition au travail. Réalisée par l’Ifop, cette enquête établit que plus de la moitié des travailleurs français s’estiment gênés par le bruit au travail. Cette enquête souligne que les nuisances sonores impactent aussi bien la santé des salariés que la qualité de leur travail. Selon les auteurs de l’enquête, la lutte contre le bruit s’affirme ainsi comme un élément incontournable de l’amélioration des conditions de travail.
Machines assourdissantes, sonneries téléphoniques incessantes, conversations intempestives ou encore bruits provenant de l’extérieur… Dans les bureaux, les chantiers et les ateliers, les nuisances sonores sont fréquentes et de plus en plus mal supportées par nombre de salariés.
1 actif sur 2 gêné par le bruit
Quelque 52 % des actifs français se disent gênés par le bruit au travail, contre 49 % il y a deux ans. 17 % se disent “souvent gênés” et 35 % “de temps en temps”. Lorsqu’on demande aux actifs d’évaluer, sur une échelle de 1 à 10, le niveau de volume sonore auquel ils sont exposés sur leur lieu de travail, 27 % disent le juger “assez élevé” (notes de 6 à 7) et 14 % “très élevé” (notes de 8 à 10). Parmi les 52 % d’actifs se disant gênés par le bruit 32 % le sont par des bruits jugés “élevés”, les 20 % restant l’étant par des bruits “peu élevés”.
Interrogés sur les sources de bruits les plus gênantes, les travailleurs citent en premier le bruit provenant de l’extérieur des locaux (20 %), les conversations entre collègues (15 %), les matériels comme les imprimantes, etc. (15 %), les allées et venues de personnes (12 %), les conversations téléphoniques ou en visioconférences (11 %). Bien entendu, de fortes disparités sont relevées selon les métiers : le bruit généré par les matériels, outils et machines arrive ainsi en tête chez les artisans (22 %), les ouvriers (23 %), les travailleurs des secteurs agricole et industriel (25 %), ainsi que dans le BTP (27 %).
Des répercussions sur la santé, l’ambiance et la qualité du travail
La plupart des salariés estiment que le bruit a bien des effets délétères sur leur santé. Ils déclarent ainsi que les nuisances sonores présentes sur leur lieu de travail ont des répercussions sur leur quotidien en termes de fatigue, lassitude et irritabilité (60 %), stress (50 %), gêne auditive, c’est-à- dire de diminution momentanée de compréhension de la parole (33 %), troubles du sommeil (32 %), souffrance psychologique comme le mal-être ou l’anxiété (31 %), sifflements et bourdonnements d’oreille (30 %), surdités (25 %), hypertension artérielle (23 %). Bien entendu, ces répercussions atteignent des niveaux bien plus importants chez les actifs se disant “souvent gênés par le bruit au travail” qui sont, par exemple, 62 % à se plaindre de sifflements et bourdonnements d’oreille (contre 30 % parmi l’ensemble des actifs). Les actifs observent également que les nuisances sonores peuvent avoir des effets délétères sur le bon fonctionnement des équipes. Selon eux, le bruit est en effet à l’origine d’incompréhensions avec les personnes qui les encadrent (49 %), d’agressivité dans les échanges (45 %), de tensions ou conflits au sein des équipes de travail (44 %), ainsi que de comportements de repli sur soi (43 %).
Une prévention insuffisante (sauf dans les métiers à risque)
Confrontés à ces désagréments, près de la moitié des actifs (49 %) jugent les actions de prévention mises en place par les entreprises globalement insuffisantes. Les travailleurs de secteurs traditionnellement exposés aux nuisances sonores sont toutefois beaucoup moins sévères. Ainsi, 72 % des travailleurs du BTP et de la construction jugent que “le bruit et les expositions sonores sont suffisamment pris en compte par leur employeur” alors que ce n’est le cas que de 53 % des employés du secteur des services, de 52 % de ceux du commerce et de 40 % des employés de l’administration.
Parmi les solutions mises en place par les employeurs pour réduire les nuisances sonores, les travailleurs citent la mise à disposition de protecteurs individuels contre le bruit, telle que les bouchons en silicone et les casques anti-bruit (31 %), la mise à disposition de casques de communication spécifiques (26 %), le réaménagement des espaces de travail existants afin d’améliorer l’acoustique (26 %), la création d’espace pour s’isoler du bruit (25 %) ou encore l’organisation de sessions d’information et de sensibilisation pour modifier les comportements collectifs (20 %). En outre, 22 % signalent que leur employeur leur a proposé des dépistages de l’audition. Quelque 25 % des entreprises semblent particulièrement vertueuses avec au moins trois solutions mises en place tandis que 45 % n’en ont mis en place aucune.
Les principaux freins à la réduction du bruit
Preuve que les salariés identifient le bruit comme un problème à résoudre, seuls 8 % des salariés ne se déclarent “pas disposés à effectuer des efforts pour limiter le bruit et les nuisances sonores dont ils sont responsables sur leur lieu de travail”. Mais ces récalcitrants ne sont hélas pas le seul frein identifié à la réduction du niveau sonore. Les salariés interrogés sur ces freins citent “la nature même de l’activité” (46 %), sur laquelle il est évidemment impossible d’agir, mais aussi “l’organisation de l’espace de travail” (48 %), “la culture de l’entreprise” (40 %) et enfin “l’absence de prévention” (39 %). Autant dire que, loin de représenter des fatalités, les nuisances sonores peuvent vraiment être combattues.
Vague 7 de l’enquête “Bruit, santé auditive et qualité de vie au travail”, réalisé par l’Ifop pour l’Association Journée nationale de l’audition, consultable sur journee-audition.org
Des mesures simples pour prévenir les nuisances sonores au bureau :
Contrairement à une idée reçue, réduire les nuisances sonores au bureau n’est pas nécessairement très compliqué ou onéreux. Voici une liste de conseils faciles à mettre en œuvre pour retrouver un environnement de travail plus apaisant et propice à la concentration :
- Limiter autant que possible le nombre de personne par bureau ou par open-space, si nécessaire, installer dans celui-ci des cloisons absorbant le bruit.
- Éloigner des lieux de travail les matériels bruyants : imprimante, machine à café, etc.
- Dédier des espaces au silence et d’autres au bruit, en prévoyant, par exemple, un espace où les salariés peuvent échanger ou téléphoner à distance de leur collègue.
- Permettre un accès informel aux salles de réunion ou de restauration pour les salariés qui souhaitent s’y retrouver pour échanger, etc.
- Régler les sonneries de téléphone et les alertes sonores des ordinateurs sur un niveau raisonnable.
- Recourir à des matériaux absorbant le bruit, au sol bien sûr (moquette ou revêtement dans les zones de circulation) mais pas seulement : des bibliothèques garnies de livres, des fauteuils en cuir ou en tissu, des plantes vertes contribuent aussi à absorber le bruit.