“La prévention des usages de drogues et d’alcool est avant tout un enjeu managérial qui doit permettre aux salariés et agents d’exercer leur travail dans les meilleures conditions possibles, sans mettre en cause leur santé et leur sécurité par l’usage de drogues”.

Forte de cette conviction, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) vient de publier, à destination des DRH et des dirigeants, un document présentant les données de consommation de substances psychoactives (tabac, alcool, cannabis et médicaments psychotropes anxiolytiques) dans la population active.

Parmi les substances psychoactives, c’est le tabac qui est le plus consommé par les actifs. 27 % des hommes et 23 % des femmes sont fumeurs. Les CSP les plus concernés sont les employés (30,9 %) et les ouvriers (35,8 % parmi les hommes). Enfin, les 18-35 ans sont plus nombreux à fumer, aussi bien les hommes (37,7 %) que les femmes (31,6 %).

Alcool, cannabis et anxiolytiques

La consommation d’alcool est également loin d’être négligeable. 19,8 % d’hommes et 8 % de femmes admettent avoir un usage dangereux de l’alcool. Ici encore, les jeunes (30,7 %), les em­ployés (22,9 %) et les ouvriers (22 %) de sexe masculin sont les plus concernés. Mais il faut y ajouter les femmes cadres (10,7 %). Plus inquié­tant : les alcoolisations ponctuelles importantes (API), communément appelées “binge drinking”, sont pratiquées au moins une fois par mois, par 27,5 % des hommes et 11,5 % des femmes.

Le cannabis est moins répandu. 8 % des hommes et 4 % des femmes en consomment au moins une fois par semaine. Mais cela pourrait bien évoluer car la proportion est plus élevée chez les jeunes des deux sexes : 11,6 % des hommes et 6,8 % des femmes de 18 à 35 ans admettent consommer du cannabis plus d’une fois par semaine. Enfin, si l’on s’intéresse aux consommations de cannabis plus faibles (moins d’une fois par semaine), les CSP les plus concernées sont les cadres (18,9 % des hommes et 14,6 % des femmes), les ouvriers (17,6 % des hommes et 18,9 % des femmes) et les employés (20,3 % des hommes et 15,1 % des femmes). Enfin, 4,9 % de femmes et 2,8 % d’hommes reconnaissent au moins un mésusage de médicaments anxiolytiques dans l’année. Cependant, cette proportion augmente dramatiquement avec l’âge, 54,2 % des femmes et 58 % des hommes de plus de 50 ans étant alors concernés.

Risques d’accidents et de perte d’emploi

Ces conduites addictives ne sont pas sans conséquences. Selon la Mildeca, le risque de perte d’emploi à un an est multiplié par 1,5 en cas d’usage dangereux de l’alcool et par 3 en cas de consommation de cannabis au moins une fois par mois. Enfin, le risque d’accidents du travail graves est multiplié par 2 dès lors qu’il existe une consommation chronique d’alcool d’au moins 2 verres par jour pour les femmes et 4 verres par jour pour les hommes. Pour les auteurs de l’étude, ces éléments devraient inciter les employeurs à renforcer leurs démarches de prévention.