“Ce sont ceux qui connaissent le métier qui ont les solutions.” Cette phrase, souvent entendue en entreprise, ouvre le récent dossier que la revue Travail & Sécurité consacre aux idées de prévention venues du terrain (1). Elle exprime bien sûr une vérité.

Prêter attention aux idées venues du terrain


Comme le dit Éric Drais, responsable d’études à l’INRS, “les salariés apportent de la valeur ajoutée en s’interrogeant sur les questions de santé et sécurité qui les concernent directement.” En accomplissant chaque jour les tâches et les missions qui leur sont confiées, ils sont en effet très bien placés pour identifier les situations dangereuses, évaluer l’ergonomie d’un poste de travail, apprécier la pertinence d’un process ou juger de la fiabilité de tel ou tel matériel.
Tout employeur soucieux de prévention des risques se doit donc d’être à l’écoute de ses salariés et même d’encourager les remontées du terrain en matière de sécurité. De la sorte, il découvrira nécessairement des pistes d’amélioration.
Par son écoute, il démontrera aussi que les questions de sécurité sont réellement dignes d’intérêt à ses yeux et favorisera ainsi l’engagement de tous dans la pré­vention des risques.
La réalisation, ou la mise à jour, du document unique d’évaluation des risques (DUER) est, à cet égard, une occasion à saisir pour recueillir l’avis des travailleurs. Il est aussi une opportunité, pour la direction, de tester directement auprès des salariés concernés telle ou telle mesure envisagée, quitte à l’enrichir des remarques qu’ils formuleront. En effet, comme le souligne le magazine de l’INRS, “dans un sens comme dans l’autre, la santé et la sécurité au travail se nourrissent des échanges entre les différents acteurs de l’entreprise”.

Profiter du regard neuf des intervenants extérieurs


À notre sens, il convient même d’aller plus loin que ce dialogue bilatéral entre direction et salariés pour intégrer à cette réflexion collective les experts extérieurs à l’entreprise que sont les intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP). Souvent sollicités par les entreprises pour les épauler dans la réalisation de leur DUER, ceux-ci n’ont pas pour seule mission de s’assurer que l’entreprise est en règle avec la législation. Ils ont aussi un rôle de conseil auprès des employeurs.
Dans une récente livraison de la revue Prevenscope, Loïc Del Col, IPRP du Groupe Pôle Prévention souligne : “Lors de nos interventions, nous disposons d’un atout : la capacité à porter un regard neuf sur les ateliers ou les bureaux que nous visitons. Nous voyons des choses que ceux qui les occupent au quotidien ne voient plus, parce qu’ils sont pris dans une routine bien compréhensible.
Fort heureusement, notre métier ne se résume pas à vérifier des conformités les unes après les autres. Il consiste aussi à s’étonner et à s’interroger conjointement avec les membres de l’entreprise.”
On ne saurait mieux souligner qu’ainsi conçue, la prévention des risques repré­sente, pour les entreprises, une belle occasion de libérer l’intelligence collective, dans une démarche de progrès global.

François Sidos
Président du Groupe Pôle Prévention
(1) Travail & Sécurité, n° 829, septembre 2021.
(2) Prevenscope, n°439, août -septembre 2021