Les exosquelettes suscitent de grands espoirs en termes d’amélioration des conditions de travail, notamment pour réduire les troubles musculosquelettiques (TMS). Toutefois, deux récentes études réalisées l’une par l’INRS, l’autre par l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) invitent à ne pas les considérer comme des solutions miracles.

Autrefois futuristes, les exosquelettes ont fait leur entrée dans le monde du travail, aussi bien dans l’industrie que dans le secteur des services, avec toujours une promesse alléchante : combiner réduction des troubles musculosquelettiques et gains de productivité sur fond de vieillissement de la population active.

De l’homme augmenté à l’homme préservé

Deux études réalisées par l’INRS et l’UEOSHA incitent toutefois à la prudence(1). En effet, même si “le fantasme de l’exosquelette de science-fiction, visant à créer un homme ‘augmenté’, s’est effacé au profit de la recherche de dispositifs permettant avant tout de préserver le travailleur et de réduire sa fatigue”, des doutes subsistent quant à l’ergonomie de nombreux matériels. “Les exosquelettes peuvent soulager certaines contraintes musculaires locales mais ne réduisent pas la répétitivité des gestes. Il existe également un risque de déplacer ces contraintes sur d’autres parties du corps”, met en garde Laurent Kerangueven, ergo  nome à l’INRS. Un avis partagé par les experts de l’UE-OSHA qui soulignent “l’incertitude qui entoure leurs effets à long terme sur la santé et la nécessité de réaliser des études plus complètes”.

Pas question toutefois de remiser les exosquelettes au placard avant même de les avoir utilisés ! Le propos des experts consiste plutôt à envisager le recours aux exosquelettes dans le cadre d’une démarche pensée, afin de bien vérifier leur adéquation aux besoins de l’entreprise.

Comme le résume Jean Theurel, physiologiste à l’INRS,“ ces technologies apportent des résultats très spécifiques pour des situations de travail qui le sont tout autant. II n’y a pas de bon exosquelette dans l’absolu. Mais il peut y avoir un bon exosquelette pour une situation donnée”.

(1) Dossier “Les exosquelettes”, Travail & Sécurité, n°810, décembre 2019 et “Les conséquences de l’utilisation d‘exosquelettes en termes de sécurité et de santé au travail”, EU-OSHA, août 2019 (en anglais).