57 % des salariés les plus exposés aux risques physiques n’auraient aucune connaissance de l’existence d’un DUERP dans leur entreprise.

Une récente étude du ministère du travail établit que parmi les salariés du secteur privé travaillant dans des établissements d’au moins 10 salariés, seuls 43 % déclarent avoir été informés, au cours des douze derniers mois précédents, des risques professionnels auxquels ils peuvent être exposés dans l’exercice de leur travail. Il faut certainement relativiser ce résultat car beaucoup de salariés sont informés des risques auxquels ils sont exposés sans pour autant avoir fait l’objet d’actions de communication formelles. Un grand nombre de bons gestes et comportements peuvent – et c’est heureux ! – être acquis de façon informelle et inconsciente via le collectif de travail et la culture de sécurité.
Reste que cette façon de faire, informelle, spontanée et empirique, est tout à fait en deçà des obligations qui incombent aux entreprises pour se doter d’une authentique « culture de prévention ».
Il ne faut en effet pas se méprendre : en enjoignant aux entreprises de renforcer leur culture de prévention, les services de l’État formulent aussi des recommandations, promeuvent des pratiques et attendent des actes spécifiques
Le 4e Plan Santé au Travail (PST4) précise ainsi “qu’il ne s’agit plus seulement de réagir aux accidents et maladies survenus du fait du travail mais d’évaluer les risques de manière préalable et systématique pour les réduire ou les éviter et même de promouvoir un environnement de travail favorable à la santé”. Autrement dit, pour acquérir une “culture de prévention”, les entreprises doivent donc avant tout réaliser mettre à jour et exploiter leur document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP).
Le PST4 est, à cet égard, explicite : l’indicateur choisi pour mesurer l’extension de la culture de prévention est en effet “la part des entreprises ayant réalisé ou mis à jour leur document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) depuis moins d’un an”.
Preuve qu’un grand soin doit être accordé à la réalisation de ce document, il est également prévu “une étude qualitative sur le contenu de ces DUERP”.
Pour le dire plus directement : la culture de prévention exige de considérer le document unique comme un outil de pilotage des actions réalisées en faveur de la santé et de la sécurité au travail. Or l’étude du ministère du travail démontre que de nombreux employeurs ne remplissent hélas qu’imparfaitement ces obligations puisque 57 % des salariés les plus exposés aux risques physiques n’auraient aucune connaissance de l’existence d’un DUERP dans leur entreprise.
Cette étude vient ainsi rappeler un point essentiel : pour s’acquitter de leurs obligations, les employeurs ne doivent pas seulement réaliser et mettre à jour leur document unique. Ils doivent aussi utiliser cet outil opérationnel pour mobiliser l’ensemble des membres de l’entreprise dans des démarches collectives de prévention des risques et d’amélioration des conditions de travail.

(1) “Les salariés du privé sont-ils informés des risques liés à leur activité professionnelle et bénéficient-ils de dispositifs de prévention ?”, Dares Analyses n° 29, avril 2024.