Médecine du travail – Vers un rapprochement avec les acteurs de la prévention ?

“Il existe une véritable communauté des préventeurs qui dépasse la distinction désormais un peu artificielle et désuète entre acteurs privés et publics”

Ces dernières années, plusieurs réformes de la Médecine du travail ont cherché à en diversifier les acteurs et à cibler les visites sur les salariés les plus à risques. Selon une récente étude du ministère du Travail (1), il semble hélas que ces réformes n’aient pas eu l’effet escompté car les visites médicales des salariés du privé sont devenues inexorablement moins fréquentes : “En 2019, 28 % des salariés du privé n’avaient pas eu de visite de suivi depuis 2 ans ou plus, contre seulement 13 % en 2005.”


Cet espacement croissant des visites concerne tous les salariés, y compris les plus exposés aux risques professionnels. “Entre 2005 et 2019, la fréquence des visites médicales a pratiquement autant reculé pour les salariés exposés à au moins trois contraintes physiques que pour l’ensemble des salariés”, souligne l’étude. Même “les salariés ayant connu un accident du travail pendant l’année précédant l’enquête ne sont pas moins concernés par la raréfaction des visites de suivi”. Or ce constat de saturation des Services de santé au travail intervient alors que la loi du 2 août 2021 “pour renforcer la prévention en santé au travail” leur confie de nouvelles missions. En effet, les Services de santé au travail rebaptisés “Services de Prévention et Santé au Travail” sont désormais également chargés de fournir à leurs entreprises adhérentes une “offre socle” en matière de prévention des risques professionnels et de prévention de la désinsertion professionnelle. Il est donc à craindre que l’injonction adressée à la Médecine du travail de “faire plus avec des moyens inchangés” trouve prochainement ses limites. Lire la suite

Réforme de la médecine du travail. Priorité à prévention !

Entrée en vigueur au 1er janvier 2017, la réforme de la médecine du travail peut faire l’objet d’une première évaluation.

Selon Le Monde, qui a mené l’enquête auprès des médecins, nombre d’entre eux se montrent satisfaits d’une réforme qui met l’accent sur la prévention à l’échelle de l’entreprise.

Lorsque la réforme avait été présentée, nombre de voix s’étaient élevées pour dénoncer la mise en place d’une “médecine du travail au rabais”. Dans la ligne de mire des contempteurs de la réforme : la disparition de la visite médicale d’embauche au profit d’une simple visite d’information et de prévention et la réduction de la fréquence des visites médicales : tous les cinq ans au lieu de tous les deux ans. Aujourd’hui, cette mesure rendue nécessaire par la constante réduction du nombre de médecins du travail recueille pourtant l’assentiment de nombreux acteurs.

Pas de nostalgie des “visites à la chaîne” Lire la suite

Un site web pour prévenir et signaler les piqûres de tiques

Piqure_de _tiques« Chacun est invité à déclarer sa piqûre ou celle de son animal domestique »

Le gouvernement a lancé l’année dernière un plan national de lutte contre la maladie de Lyme. Il doit permettre de mieux sensibi­liser et dépister cette infection encore trop méconnue. Parmi les initiatives prise, on note le lancement de “Signalement-tique”, un site web et une application pour smartphone mis en place par l’Institut national de recherche agronomique (Inra) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’envi­ronnement et du travail (Anses), avec le mi­nistère de la Santé. Cet outil est le vecteur d’une collecte collaborative d’information sur la présence des tiques, principal vecteur de la maladie. Concrètement, chacun est invité à déclarer sa piqûre ou celle de son animal domestique, la géolocaliser, trans­mettre une photo, voire envoyer les tiques aux équipes scientifiques. Des informations sur la prévention ou la méthode pour enle­ver une tique sont également proposées. La maladie de Lyme est inscrite au tableau 5 bis des maladies professionnelles dans le régime agricole pour certains travaux.

Pour aller plus loin : http://ephytia.inra.fr/fr/P/159/Signalement_TIQUE

L’inquiétant surmenage des blouses blanches

“L’anxiété affecte 66 % des sondés, la dépression 28 %, les idées suicidaires 24 % dont 6 % dans le mois précédant l’enquête”.

À l’initiative de l’Intersyndicat national des internes (ISNI), plusieurs syndicats repré­sentant les jeunes et futurs médecins ont réalisé une enquête auprès de 21 768 étu­diants, internes et des chefs de clinique. Or, comme le relève, dans le quotidien La Croix (04/07/17), la neurochirurgienne hospita­lière Anne-Laure Boch, les résultats sont in­quiétants. “L’anxiété affecte 66 % des sondés, la dépression 28 %, les idées suicidaires 24 % dont 6 % dans le mois précédant l’enquête”.

Comme expliquer ce profond malaise ? “Il y a certainement des causes essentielles, qui tiennent au contact quotidien avec des per­sonnes en détresse physique, morale ou sociale. Malgré les immenses gratifications apportées par l’exercice de la médecine, la fréquentation de la souffrance peut induire chez les soignants une douleur morale”, admet cette praticienne hospitalière.

Toutefois d’autres facteurs, comme la dégra­dation des conditions d’exercice de la méde­cine jouent certainement aussi. Un exemple : “Parmi les facteurs possibles, l’enquête pointe en particulier la surcharge horaire, responsable de fatigue, voire d’épuisement. 46 % des internes et chefs de clinique ne peuvent pas respecter le repos de sécurité après leurs gardes. Plus de 40 % d’entre eux déclarent travailler entre 49 et 60 heures par semaine, 28 % entre 61 et 80 heures et 5 % plus de 80 heures.” Ces données démontrent que, pour évaluer les risques professionnels, il ne faut jamais s’en tenir à la consultation des fiches de poste mais examiner le travail réel des acteurs de l’organisation.

Pour aller plus loin : Enquête Santé mentale Jeunes médecins, consultable sur le site internet de l’ISNI : www.isni.fr

Evaluer et prévenir les risques pour réduire l’absentéisme

Absentéisme : « 27 % des arrêts de travail auraient une cause professionnelle. Un score en augmentation de 7 points par rapport à 2016. »

L’absentéisme est en hausse et il a de plus en plus des causes professionnelles. Tels sont les deux principaux ensei­gnements d’un récent baromètre sur les arrêts de travail réalisé par l’institut BVA auprès de 302 DRH et 1497 salariés (1).

Hausse régulière de l’absentéisme

Au cours de l’année 2016, 40 % des sala­riés français ont été arrêtés au moins une fois. En moyenne, les salariés ont eu 14,2 jours d’arrêts. Cela se traduit par un taux d’absentéisme de 3,9 % pour l’année 2016 dans les entreprises de plus de 50 salariés en France. Parmi l’ensemble des arrêts posés, les ar­rêts courts sont majori­taires : l’enquête recense 39 % d’arrêts de 1 à 3 jours, 25 % d’arrêts de 4 jours à 1 semaine. 29 % ont une durée d’une semaine à 3 mois et 7 % sont des arrêts longs d’une durée supé­rieure à 3 mois.

Le tableau ainsi brossé est d’autant plus in­quiétant que, selon l’enquête, une propor­tion conséquente de salariés ne pose pas d’arrêt dans des situations qui, pourtant, le nécessiterait : 31 % se rendent à leur tra­vail et 10 % préfèrent poser un congé (y compris RTT). Une démarche qui va à l’en­contre des idées reçues et qui s’explique, par la volonté de ne pas voir leurs revenus baisser ainsi que par leur charge de travail. Lire la suite