Au-delà du Compte Personnel de Prévention de la Pénibilité…

C3P PénibilitéL’INÉLUCTABLE essor de la prévention

Les décrets et arrêtés publiés le 31 décembre 2015 ont achevé la mise en place du Compte Personnel de Prévention de la Pénibilité (C3P). Les obligations décla­ratives et les coûts qu’il génère lui valent d’être fortement contesté par les organi­sations représentatives des employeurs, au point que l’Etat s’est vu contraint de lancer dès janvier 2016 une “mission d’évaluation” qui “permettra de mettre en place un dispositif de suivi à même d’évaluer dans la durée, la per­tinence du compte pénibilité”. On ne saurait mieux annoncer l’incertaine pérennité du compte pénibilité.

Prévention de la pénibilité : une évolution dictée par la démographie

Mais le vrai sujet, ce n’est pas le compte pénibilité, c’est la prévention de la pénibilité. Et là-dessus tout le monde est d’accord. Au-delà de ce dispositif précis, qui sera tôt ou tard remplacé par un autre, puis encore un autre et ainsi de suite, le fait majeur est que la prévention de la pénibilité fait désormais partie des préoccupations incontournables des employeurs. Elle s’inscrit dans un mou­vement de fond “durable, identifiable et irréver­sible”, pour paraphraser la définition légale de la pénibilité. En Europe, l’espérance de vie a presque triplé en deux siècles. Dans son scénario dit “central” de projection démo­graphique, l’INSEE attend pour 2050 – c’est demain – une espérance de vie à la naissance en France de 91,1 ans pour les femmes et 86 ans pour les hommes. Nombre de bébés nés en 2016 finiront centenaires.

Vieillir, c’est aussi vieillir au travail. Qu’on le veuille ou non, la durée de vie au travail aug­mentera avec la durée de vie tout court. Et le vieillissement au travail implique nécessai­rement la prise en compte de l’usure liée au travail. Quels que soient les dispositifs mis en place, aucune politique ne peut désor­mais faire abstraction de la prévention de la pénibilité. Nul ne le conteste et même les organisations patronales les plus en pointe dans l’opposition au C3P se sont appro­priées cette idée.

La prévention au service de la performance

La culture de prévention, encore en retard en France par rapport à des pays comme le Canada ou la Suisse, progresse à grands pas. L’évaluation a priori des risques profession­nels en vue d’éviter les accidents, qui date de 1991, est aujourd’hui très largement ac­ceptée. Certes la contrainte est passée par là, avec l’obligation de consigner les résultats de l’évaluation dans un document unique née en 2001, mais pas seulement. L’idée qui progresse est que la prévention est un véri­table investissement dont le retour dépasse le seul cadre financier puisqu’il touche aussi à la productivité, l’ambiance de travail, la culture d’entreprise. Avec la pénibilité, une nouvelle étape est franchie, qui va conduire les employeurs à anticiper encore plus qu’ils ne le faisaient, ne serait-ce que pour mainte­nir leurs travailleurs en état de travailler…

Un travail de spécialiste

De plus en plus d’employeurs se font à l’idée qu’ils ne pourront y parvenir seuls. L’emploi du temps d’un patron de PME ou de TPE ne l’autorise que très rarement à travailler sa performance en matière de prévention. Quant aux structures plus importantes, même si elles sont dotées de services ad hoc, elles ont également besoin de soutien en la matière. Où en sont les techniques, les règlementations, les aides potentielles ? C’est un travail de spécialiste.

L’entreprise de demain, quels que soient sa taille, son objet, ses métiers, devra nécessai­rement avoir un préventeur à sa disposition. Autant commencer tout de suite…