“L’absentéisme demeure tributaire de l’environnement de travail et de la pénibilité ressentie.”
“Un environnement professionnel considéré comme pénible impacte également fortement la santé des salariés et, partant, l’absentéisme”, écrivent les experts du Département Opinion et Stratégies d’Entreprises de l’Ifop dans une récente note d’analyse.
De la sorte, ils entendent souligner que, contrairement à une idée reçue, la hausse continue de l’absentéisme depuis plusieurs années n’est pas nécessairement une fatalité puisqu’elle résulte, au moins en partie, de facteurs objectifs sur lesquels il est possible d’agir à condition de bien les identifier.
Explosion des arrêts longs
Entendons-nous bien, les auteurs ne nient nullement l’évolution des mentalités et des comportements professionnels. Fins observateurs de la société, ils savent mieux que quiconque que le rapport au travail s’est profondément transformé ces dernières décennies et tout particulièrement dans le sillage des mesures sanitaires qui, lors de l’épidémie de Covid avaient mis le pays à l’arrêt. Mais ils mettent en garde contre la perception biaisée de l’absentéisme qui peut en résulter.
Ainsi, lorsque l’on parle d’absentéisme dans les médias ou même à la machine à café de l’entreprise, la première image qui vient est celle de l’absence du lundi matin permettant de prolonger le week-end ou les vacances scolaires. Ces abus sont avérés et exaspèrent légitimement la direction et encore davantage les collègues de ces individus à la conscience professionnelle déficiente. Reste que cette pratique douteuse ne concerne en fait qu’une infime minorité de salarié – seulement 2 % d’entre eux selon l’Ifop – et pèse très peu dans l’explosion du coût de l’absentéisme.
En effet, comme le soulignent les auteurs, « l’absentéisme long est celui qui pénalise le plus les organisations financièrement. Il pèse beaucoup plus lourd dans la sinistralité des arrêts de travail que l’absentéisme court ». Or, ce phénomène devient massif : « La tendance la plus inquiétante réside dans l’augmentation des arrêts de longue durée qui sont, de surcroît, de plus en plus longs ».
La clef des conditions de travail
L’efficacité commande donc d’agir en priorité sur les causes des arrêts de travail de longue durée. Or, selon les enquêtes de l’Ifop, « sur le temps long, l’absentéisme demeure tributaire de l’environnement de travail et de la pénibilité ressentie ». Ainsi, « l’immense majorité (83 %) des salariés arrêtés pour cause de risques psychosociaux, d’une grande fatigue ou de troubles musculosquelettiques estiment que ces arrêts étaient directement liés à leurs conditions de travail ». Pour réduire l’absentéisme, il n’est donc pas interdit, par souci d’équité, de traquer les absences courtes de complaisance, mais le véritable levier de progrès consiste à prévenir les risques professionnels et agir sur les facteurs de pénibilité.