Document unique et qualité de vie au travail

Document unique et qualité de vie au travail représentent deux démarches conjointes et complémentaires par lesquelles la gestion de la santé et de la sécurité au travail dépasse l’ancienne approche techno-centrée. Indissociablement liées, elles ouvrent une nouvelle ère de la prévention des risques

Longtemps, la prise en compte des questions de santé et de sécurité au travail a reposé sur la prescription de normes et de règles formelles à respecter par les entreprises dans une logique de simple “protection”. Comme le rappelle Hervé Lanouzière, ancien directeur de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), cette approche “se traduisait par la parution de textes réglementaires, de nature technique, énonçant des obligations de moyen précises. Elle reflétait une approche dans laquelle
à chaque risque, considéré isolément, était associée une solution technique
(1)”.

Or, même si cette façon de faire a permis une baisse significative des accidents du travail, elle a aussi montré ses limites. En effet, dans ce cadre, les pathologies résultant de la conjonction de plusieurs causes peinaient à être identifiées et prévenues. C’est pourquoi, à compter des années 70, la législation va progressivement promouvoir une forme plus proactive de la santé au travail qui trouvera une traduction éclatante avec le Document unique d’évaluation des risques (DUER). Avec celui-ci, il ne s’agit plus seulement de se conformer à des textes mais d’identifier les risques présents dans l’entreprise de façon à les prévenir avant qu’ils ne se réalisent. Lire la suite

Qualité de vie au travail : 4 raisons pour lesquelles les TPE-PME devraient l’adopter

Depuis une dizaine d’années, le concept de “qualité de vie au travail” (QVT) a fait son entrée dans le monde des entreprises. Il repose sur une vérité très ancienne mais longtemps négligée : prêter attention aux besoins humains des salariés est, pour l’entreprise, un levier de performance qui ne le cède en rien aux facteurs techniques ou financiers. C’est dire s’il représente un atout naturel pour les TPE-PME.

  • 1 La QVT est particulièrement adaptée aux entreprises à taille humaine

Selon un préjugé tenace, les démarches de QVT seraient peu ou prou réservées aux grandes entreprises qui seules auraient les moyens, financiers et humains, de les mettre en œuvre. Or, rien n’est plus faux car la QVT vise justement à mettre en valeur les atouts que possèdent les entreprises à taille humaine par rapport aux grosses structures nées dans le sillage de la révolution industrielle.
Comme le rappelle l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) dans un récent article (1), “on trouve les fondements du concept de qualité de vie au travail (QVT) dans les années cinquante, chez Eric Lansdown Trist, du Tavistock Institute de Londres, dans le cadre de ses recherches révélant les limites du taylorisme : monotonie, déqualification, sentiment d’aliénation, impacts négatifs sur la productivité…” Lire la suite

Activités agricoles : pas de fatalité pour les risques physiques

Les problématiques de sécurité et de santé au travail deviennent un enjeu majeur dans le monde agricole, comme le démontrait déjà le Plan santé et sécurité au travail (SST) de la MSA, pour la période 2016-2020. Face aux risques physiques potentiellement élevés et diversifiés, auxquels s’exposent les salariés et parfois plus encore les exploitants, la profession s’organise en mettant l’accent sur la prévention.

Environnement d’engins lourds et/ou dangereux, gestion de bétail aux réactions soudaines, manipulations d’outils, travaux physiques… Les risques sont omniprésents dans une exploitation agricole ou forestière, dont les activités sont les plus accidentogènes après celles du secteur du BTP et de la construction.
Une étude publiée en 2018 par la Mutualité sociale agricole (MSA), portant sur des données des années 2014 à 2016, confirme les risques et souligne en particulier que le taux des accidents du travail (AT) est élevé. 550 salariés et non-salariés sont ainsi décédés (des hommes dans près de 90 % des cas) à la suite d’un AT, un accident du trajet ou une maladie professionnelle (MP).
Dans les trois quarts des cas (76,4 %), ces décès sont dus à un accident du travail. Les accidents cardiovasculaires représentent la première cause de décès. Ils sont suivis par ceux survenus dans le cadre de l’utilisation d’un engin ou d’un outil motorisé. De fait, cet usage implique, globalement, un niveau de gravité de l’accident consécutif à l’utilisation d’un engin ou d’un outil motorisé “non-négligeable” dans l’activité agricole, selon Laurent Estève, adjoint au responsable du Département Prévention des Risques Professionnels de la caisse centrale de la MSA. Il précise : “Les principaux indicateurs liés aux accidents sont stables, voire parfois en baisse pour la période 2015-2019, mais on a constaté entre 2018 et 2019 un sursaut du nombre d’accidents du travail avec arrêt de travail (38 516), pour les salariés en particulier”. Autre constat, les chiffres de l’accidentalité dans le milieu agricole diffèrent entre les populations salariées et non-salariées, de façon parfois surprenante.

Exploitants : une polyvalence non dénuée de risques

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La sécurité n’est pas qu’une affaire de conformité

“Une stratégie d’accentuation et de renforcement de l’appareil réglementaire” ont vu apparaître, en leur sein, “des phénomènes de ‘désobéissance organisationnelle’, tant il devenait impossible de faire face aux difficultés quotidiennes en appliquant de nouvelles normes”

“Il y a eu un vrai consensus […] pour reconnaître que les patrons avaient fait le nécessaire pour assurer la sécurité des salariés.” C’est le premier enseignement que le sociologue des organisations François Dupuy retire de l’étude qu’il a récemment co-réalisée pour mesurer l’impact de la crise sanitaire sur le fonctionnement des entreprises (1). De la sorte, il confirme que l’attention portée à la santé et à la sécurité de ses collaborateurs est un facteur clé de résilience parce qu’elle crée de la confiance et de la cohésion.

Ses découvertes ne s’arrêtent pas là. En analysant les différents types de réponses élaborées par les entreprises, François Dupuy a aussi remarqué que celles qui ont réagi par “une stratégie d’accentuation et de renforcement de l’appareil réglementaire” ont vu apparaître, en leur sein, “des phénomènes de ‘désobéissance organisationnelle’, tant il devenait impossible de faire face aux difficultés quotidiennes en appliquant de nouvelles normes”. Conformément à l’adage, trop de règles tue la règle ! Si bien que le succès reposait plutôt sur l’intervention efficace de “l’encadrement de proximité, qui avait deux missions: assurer la continuité de l’activité et veiller sur l’état de santé physique ou mentale des personnes fragiles”. Lire la suite