Les fortes chaleurs enregistrées en France en ce début d’été nécessitent bien sûr de prendre des mesures spécifiques de prévention. On songe spontanément à toutes les mesures permettant d’éviter que les travailleurs ne soient victimes d’un “coup de chaleur”. En revanche, on pense moins spontanément aux accidents industriels liés à ces conditions météorologiques particulières.

Dans une récente note, le Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industriels (BARPI), chargé du retour d’expérience en matière d’accidents industriels et technologiques, souligne pourtant une recrudescence de ces événements depuis 2015, avec 64 événements recensés en 2019, année la plus impactée. Sans surprise, le phénomène le plus fréquent est l’incendie “généré notamment par des fermentations ou des auto-échauffements de matières, produits ou déchets, des effets loupe, mais aussi des surchauffes électriques ou de matériel, des montées en température ou en pression et également des feux de broussailles”.

Exemples récents d’accidents liés à de fortes chaleurs

Incendie dans une papeterie. Un feu se déclare sur 100 m3 de balles de déchets de carton et de papier. Les fortes chaleurs associées à la présence d’un matériau réfléchissant (de type verre) auraient créé un “effet loupe” à l’origine de l’incendie.

Dégagement d’H2S dans une installation de stockage de déchets non dangereux. L’exploitant d’une installation de stockage de déchets non dangereux constate de forts dégagements d’odeurs (sulfures d’hydrogènes-H2S) dans le casier en cours d’exploitation.
Sous l’effet de la chaleur précoce et persistante conjuguée à une sécheresse prolongée, les lixiviats sont devenus un milieu anaérobie. Les micro-organismes présents se sont adaptés à l’absence d’oxygène en transformant les sulfates des lixiviats en sulfures, dont des sulfures d’hydrogènes (H2S) hautement toxiques.

Incendie sur un fût dans une usine de transformation de matières plastiques. Un feu se déclare dans un fût de 60 kg de déchets chimiques situé à proximité de conteneurs de solvants et de conteneurs de poudre d’aluminium dans une usine de transformation de matières plastiques. Le fût, stocké sur la zone déchets, contenait des résines époxy non conformes.
Une réaction exothermique s’est produite, probablement due aux fortes chaleurs.

Incendie d’une chaîne de tri des déchets. Un feu se déclare dans un bac à proximité de la ligne de traitement contenant des trottinettes électriques à l’extérieur de la cabine de tri d’une usine spécialisée dans le traitement des déchets. Les fortes chaleurs, ayant engendré un échauffement des batteries et onduleurs des trottinettes électriques, sont à l’origine du départ de feu.

Nécessaire prise en compte de la météo ans l’évaluation et la prévention des risques

Pour les experts du BARPI, aucun de ces événements ne relève de la fatalité. Ils notent au contraire qu’ils ont été favorisés par “des lacunes dans la gestion des risques, c’est-à-dire dans l’identification, l’évaluation et la priorisation des risques, de manière à réduire et contrôler la probabilité des événements redoutés et à en minimiser l’éventuel impact”. Parmi les mesures à prendre, ils citent notamment “l’identification des matières premières, produits finis ou déchets susceptibles de réagir à la chaleur (par décomposition, polymérisation, surpression…)” et “le recensement de l’ensemble des équipements entreposés en extérieur et exposés directement aux rayonnements du soleil”.

Pour en savoir plus : “Accidentologie industrielle déclenchée ou aggravée par les fortes chaleurs”, BARPI, mai 2020, consultable sur www.aria.developpement-durable.gouv.f

Retrouvez cet article dans le numéro 443 de la revue d’information et d’analyse PREVENSCOPE : «La Prévention des Risques en Entreprise »