Français au travail – Halte aux idées reçues !

Lorsque l’on demande aux travailleurs ce qui les anime et a le plus de sens pour eux au travail, ils citent en premier lieu “le fait d’être en contact avec d’autres per­sonnes”, le souhait de “gagner de l’argent” et de “fournir un service de qualité”, très loin devant le fait de “participer à une cause jugée socialement juste”.

Le monde du travail n’échappe pas aux clichés. Auteurs d’une récente étude réalisée pour l’Institut Montaigne au sujet des Français au travail (1), Bertrand Martinot et Lisa Thomas-Darbois, font un résumé saisissant des lieux communs qui ont prospéré dans le sillage de la crise sanitaire : “L’image générale qui res­sort est celle d’un travailleur français fatigué, en grande souffrance, à la recherche du sens perdu de son travail, plus soucieux de s’en­gager dans des causes sociétales ou envi­ronnementales que dans son travail” si bien que “l’idée selon laquelle le travail serait au cœur du lien social et de l’épanouissement personnel serait battue en brèche dans un monde post-Covid en rupture avec le monde d’avant”.

Pas de rupture avec le “monde d’avant”

Or, les données qu’ils ont recueillies auprès d’un vaste échantillon représen­tatif constitué de quelque 5 000 actifs en emploi vont à l’encontre de ces idées re­çues. Ainsi, les auteurs cherchent en vain des traces de la fameuse “rupture avec le monde d’avant”. “Le premier constat, écrivent-ils, est qu’il n’y a pas de rupture entre l’avant et l’après-COVID dans le rap­port individuel que les actifs entretiennent avec leur travail, hormis le recours au télé­travail.” Lire la suite

Les Français au travail – Les enseignements d’une vaste enquête de l’Institut Montaigne

« Preuve que nos compatriotes ne rechignent pas à la tâche, ils sont de plus en plus nom­breux à travailler le soir ou le week-end. C’est le cas de 89 % des cadres, 91 % des employés et 61 % des ouvriers ».

La fronde actuelle sur le report de l’âge de la retraite a relancé les clichés portant sur le rapport des Français à l’égard du travail. Une récente enquête menée par l’Institut Montaigne auprès de 5 001 actifs en emploi remet en cause les idées reçues. Elle souligne en effet que les Français sont globalement satisfaits de leur travail malgré une hausse significative de leur charge de travail et de la pénibilité psychologique dans de nombreux secteurs d’activité.

 1 – Des Français globalement satisfaits de leur travail

Un premier constat s’impose : une grande majorité des travailleurs se déclarent globalement satisfaits de leur travail. Sur une échelle de 0 à 10, quelque 77 % des actifs en emploi expriment un degré de satisfaction supérieur ou égal à 6, avec une note moyenne de satisfaction très supérieure chez les chefs d’entreprise de plus de dix personnes (7,8), les artisans (7,8) et les indépendants (7,6), à celle des salariés (6,7).

Le niveau de satisfaction le plus faible concerne les professions intermédiaires de la fonction publique (6,5), les employés administratifs d’entreprise (6,5), les employés de commerce (6,4), les conducteurs d’engin et magasiniers (6,4), les ouvriers peu qualifiés de type industriels (5,9).

Un zoom sur les différents facteurs de satisfaction au travail fait apparaître que les travailleurs sont, en grande majorité, satisfaits de l’intérêt de leur poste de travail et des missions qui leur sont confiées (81 %), du degré d’autonomie dont ils disposent dans leur travail (87 %), de leur intégration dans l’équipe de travail lorsqu’ils sont salariés (88 %) et même de leur équilibre entre vie privée et vie professionnelle (79 %). Lire la suite

Prévention des risques – Une étude souligne le fort besoin d’accompagnement des dirigeants

De nombreux dirigeants d’entreprise admettent “avoir certaines difficultés à identifier et gérer chez leurs salariés certaines situations comme les maladies physiques (49 %), les maladies psychologiques (48 %), les arrêts de travail courts (47 %) ou longs (46 %) ainsi que les accidents de travail (38 %).”

La sixième édition de l’Observatoire de la Santé piloté par la Mutualité française est, cette année, spécialement consacrée aux questions de santé au travail.

Large consensus sur l’importance des actions de prévention

Parmi d’autres enseignements, cette vaste enquête souligne que les questions de prévention des risques font l’objet d’un large consensus auprès de l’ensemble des acteurs de l’entreprise. Du chef d’entreprise aux salariés, tous considèrent qu’il est crucial et bénéfique de prévenir les risques professionnels et d’améliorer les conditions de travail. À l’instar de 76 % des actifs français, ils s’accordent ainsi à penser que “l’implication des entreprises en faveur du bien-être au travail des salariés a des effets positifs sur la fidélité et l’engagement des salariés” Une donnée tout sauf anodine alors que de nombreuses entreprises sont confrontées à de graves difficultés de recrutement voire, dans certains secteurs professionnels, à des démissions à répétition…

Déficit d’information sur les questions de santé et sécurité

Hélas, un autre trait rassemble également les patrons et les salariés : le déficit d’information dont ils souffrent sur les enjeux de santé et de sécurité au travail. De nombreux dirigeants d’entreprise admettent en effet “avoir certaines difficultés à identifier et gérer chez leurs salariés certaines situations comme les maladies physiques (49 % indiquent rencontrer des difficultés à traiter ce type de situation), les maladies psychologiques (48 %), les arrêts de travail de courte (47 %) ou de longue durée (46 %) ainsi que les accidents de travail (38 %).” Plus globalement, les dirigeants confient aussi “se sentir aujourd’hui en manque d’accompagnement (de la part notamment des professionnels de santé comme la médecine du travail, 41 %) et en manque d’information, qu’il s’agisse des actions à mener pour améliorer la  santé des salariés au travail (36 %) ou ce que recouvre effectivement le mal-être au travail (30 %).” Lire la suite

Santé au travail – Les attentes des Français

Quelque 83 % des Français en activité estiment “qu’il est important que les entreprises mettent en place des actions d’information et de prévention concernant les souffrances professionnelles tant physiques que mentales”.

Depuis 2017, la Mutualité Française a lancé, avec le concours de Toluna Harris Interactive, un Observatoire destiné à réaliser régulièrement un état des lieux des représentations des Français à l’égard de leur système de santé. Cette année, cette enquête portait plus spécifiquement sur les questions de santé au travail. Les résultats recueillis soulignent notamment que les actifs français ont en la matière de très fortes attentes et qu’ils plébiscitent les actions de prévention des risques.

Forte inquiétude sur l’avenir du système de santé

Considérant que la santé au travail s’inscrit dans le tableau plus vaste de la santé en général, la Mutualité a d’abord interrogé les Français sur leur perception du système de santé.
Sans surprise, nos compatriotes ont le sentiment que le système se dégrade. Un Français sur deux considère aujourd’hui que le système de santé fonctionne mal (49 %). C’est le taux de défiance le plus haut enregistré depuis le début du baromètre en 2017. Preuve que le pessimisme est de mise : 61 % estiment que le système va encore se dégrader à l’avenir ! Parmi les motifs qui nourrissent l’inquiétude, l’Observatoire pointe la question du “reste à charge” (RAC) : “Alors que le reste à charge 0 était une ambition du dernier quinquennat, 56 % des Français (+6 points) ont le sentiment que leur RAC est aujourd’hui en augmentation, notamment en ce qui concerne les soins dentaires (62 %), l’optique (59 %) ou les consultations chez des médecins spécialistes (58 %).”

Un regard partagé sur l’effet du travail sur la santé

Si les Français font part d’avis plutôt négatifs au sujet du système de santé, ils se montrent nettement plus positifs lorsqu’il s’agit d’évaluer leur propre santé : 83 % d’entre eux déclarent “se sentir en bonne santé”, même si seuls 14 % d’entre eux affirment se sentir “en très bonne santé”.
En revanche, les actifs se montrent beaucoup plus partagés au sujet de l’effet de leur travail sur la santé, 25 % estimant que le travail contribue à améliorer leur santé tandis que 39 % pensent qu’il la détériore. Pour les auteurs, cette divergence de perception reflète probablement des divergences de situation tant l’exposition aux risques professionnels diffère selon les métiers. Lire la suite

Et si vous faisiez de votre CSE un levier d’amélioration des conditions de travail ?

Depuis la création des CSE, en 2017, l’Anact a accompagné de nombreuses TPE et PME pour les aider à maximiser le rôle joué par cette nouvelle instance en matière de santé et sécurité au travail. Les enseignements de ces expériences sont maintenant rassemblés dans un cahier bourré de conseils pratiques (1).

“Lorsque les fonctionnements de CSE restent très formels, les sujets de santé, sécurité et conditions de travail sont abordés une fois par trimestre parmi d’autres sujets. Dans les faits, cela a réduit la place occupée par ces sujets par rapport à la situation antérieure avec les CHSCT qui portaient leur action uniquement sur ces préoccupations.” C’est précisément l’écueil que souhaitent éviter les auteurs de ce guide pratique en démontrant que, loin de représenter une contrainte, le CSE peut devenir, pour les employeurs, un allié de poids dans le déploiement de leurs actions de prévention des risques et d’amélioration des conditions de travail.

À cette fin, ils recommandent de ne plus restreindre, comme c’est trop souvent le cas, le traitement des questions de santé et sécurité par le CSE aux seules questions formelles de respect de la réglementation, portant, par exemple, sur le port des EPI. De façon plus ambitieuse, ils proposent d’associer les représentants du personnel à l’élaboration de la politique de prévention de l’entreprise.

Comme le démontrent les nombreux exemples qui émaillent le cahier, les employeurs ont tout à y gagner. D’une part parce que la prise en compte des questions de conditions de travail est devenue essentielle à la bonne marche de l’entreprise. D’autre part parce que les représentants des salariés sont d’excellents vecteurs de déploiement d’une culture de prévention.

(1) “Faire du CSE un levier de l’amélioration des conditions de travail”, Cahier de l’Anact n° 3, janvier 2023, librement téléchargeable sur www.anact