Souffrance au travail : les patrons aussi !
“Les facteurs de mal-être qu’on applique habituellement aux salariés peuvent très bien s’appliquer aux patrons PME : surcharge de travail, stress, incertitude sur l’avenir, sentiment d’isolement.”
“J’ai fait un burn out l’année dernière. J’ai eu une absence au volant. Je me suis arrêté à un stop et j’ai redémarré au moment même ou une voiture arrivait. Je l’ai percutée et je ne m’en souviens pas. J’aurais pu tuer quelqu’un. J’ai dû m’arrêter huit jours. Pour une fois dans ma carrière, c’était un arrêt forcé, un arrêt que je n’avais pas prévu. Ça m’a mis un coup incroyable. Ma tête a été contrainte de lâcher. Du coup, le corps a pris toute sa place. J’ai eu mal partout. Je devais m’arrêter trois fois pour monter un escalier, j’étais comme une vieille”,
confie une jeune patronne de PME au quotidien Libération. C’est le genre de témoignages que recueille Olivier Torrès depuis qu’il a entrepris de créer un observatoire de la santé des dirigeants de PME.
Une “souffrance inaudible”
Pour cet enseignant-chercheur en gestion et management à l’université de Montpellier et à l’EM Lyon, il s’agit de faire tomber un tabou. “Les médecins et sociologues spécialisés dans la souffrance au travail partent de l’idée qu’elle vient d’un rapport de domination : le patron étant le dominant, il ne peut souffrir.” Or, ils souffrent bien ! Mais cette souffrance est “invisible”. D’abord parce que les patrons rechignent eux-mêmes à l’avouer tant ils ont été élevés dans le culte de la performance. Ensuite parce que “les chefs d’entreprise ont, historiquement, refusé de rentrer dans un système social de médecine au travail”. Résultat : il n’y a pas de statistiques les concernant et “personne ne connaît leurs pathologies”.
Des pathologies encore mal connues Lire la suite →