Télétravail et travail hybride – Conseils aux TPE-PME pour relever le défi d’une mutation du travail

« Le télétravail n’est pas une simple transposition à domicile du travail autrefois effectué dans les locaux de l’entreprise. Plus profondément, il représente en effet un bouleversement des repères spatio-temporels qui permettaient à chacun de se situer dans son travail et de se positionner par rapport à ses collègues. »

Considérablement dopé par la crise sanitaire et les mesures prises pour y faire face, le télétravail n’est certainement pas une mode passagère. Selon une récente étude de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), au sein des entreprises françaises, une forme de consensus se dessine pour souhaiter l’instauration d’un rythme d’1 à 2 jours de télétravail par semaine. À l’issue du télétravail contraint, le modèle plébiscité est celui d’un travail dit “hybride” conciliant, pour les postes le permettant, travail en présentiel et travail en dehors des murs de l’entreprise. Or, comme le souligne l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), “aucune entreprise ne peut trouver la bonne organisation mixant présentiel et distance du premier coup !”. De fait, comme le rappelle Carole Gouiran, psychologue du travail exerçant au sein de Point Org Sécurité, “le télétravail n’est pas une simple transposition à domicile du travail autrefois effectué dans les locaux de l’entreprise.”. Voilà pourquoi, il est nécessaire de rappeler que, pour réussir la mutation organisationnelle que représente la mise en place du télétravail, il est nécessaire de suivre quelques recommandations permettant de garantir que chacun y trouve un surcroît de bien-être et d’efficacité.

Mettre à jour son Document unique

Comme chacun a pu le constater lors du confinement de mars 2020, le passage au télétravail représente un bouleversement profond des habitudes de travail. Le télétravail nécessite donc une mise à jour du document unique d’évaluation des risques professionnels de l’entreprise. En effet, selon l’article R4121-2 du Code du travail, cette mise à jour est requise “lors de toute décision d’aménagement important modifiant les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail”. Pour Emmanuel Pochet, directeur de Point Org Sécurité, cette démarche n’est pas de pure forme car “le déploiement du télétravail modifie les risques auxquels sont exposés les salariés. Certains risques, comme les accidents de trajet, vont évidemment décroître drastiquement, tandis que d’autres, comme ceux liés à l’utilisation d’écrans, vont augmenter.”
Une rapide mise à jour du document unique permet d’avoir une vision précise des risques effectivement présents dans l’entreprise. Comme cette évaluation porte aussi sur des risques liés à l’organisation du travail, elle permet généralement de choisir des règles de fonctionnement plus sûres pour les travailleurs et plus efficaces pour l’entreprise. “La mise à jour du document unique lors du passage au télétravail, permet d’éviter l’improvisation. Dans une période trop souvent placée sous le signe de l’urgence, elle permet de prendre le temps de la réflexion et de prendre les bonnes décisions”, ajoute Emmanuel Pochet. Lire la suite

Télétravail – Un défi à relever par les TPE-PME

“La recette unique d’organisation du travail à distance n’existe pas”

Tout le monde souhaite bien sûr que la plupart des mesures prises dans les entreprises pour lutter contre le coronavirus soient abandonnées aussitôt que la pandémie aura été vaincue. Mais, au sein de cet arsenal, il y a toutefois une pratique qu’un nombre important d’entreprises et de salariés souhaitent pérenniser voire développer : le télétravail.

Bien entendu, il ne s’agira plus du télétravail obligatoire et massif qui prévalait en mars 2020. Depuis, un certain consensus s’est établi en faveur d’un “travail hybride” conciliant avec souplesse travail sur les lieux de l’entreprise et travail à distance, selon les nécessités du service et les aspirations des employés. Or les TPE-PME n’échappent pas à cette évolution. Selon une récente étude réalisée conjointement par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et l’Association pour l’emploi des cadres (Apec),66 % des cadres de TPE et 70 % des cadres de PME souhaitent pouvoir télétravailler régulièrement.

Répondre à cette aspiration représente un formidable défi pour les entreprises car, comme le notent les auteurs de l’étude, “la gestion des équipes en mode hybride peut s’avérer être une réelle difficulté pour les manageurs selon la taille de l’équipe et les niveaux d’expériences : comment garder de la visibilité sur l’activité de chacun ? Comment trouver les leviers facilitant l’échange individuel sur la production et la régulation de la charge de travail ?” Et aussi : “Comment garantir la prévention de la santé au travail quand le collectif est moins fort ?” Lire la suite

Conseils aux télétravailleurs

1 – Bien choisir son espace de travail

Le confinement de mars 2020 l’avait démontré : face au télétravail, tous les salariés ne sont pas égaux, notamment en raison du niveau de confort des domiciles appelés à devenir leurs lieux de travail. Cela n’invalide toutefois pas la nécessité d’aménager le mieux possible son espace de travail à domicile, en essayant évidemment de choisir un lieu isolé où l’on sera le moins souvent dérangé. “L’essentiel est d’installer une frontière physique et symbolique entre la vie professionnelle et la vie privée, pour éviter qu’elles ne se confondent trop. Une pièce dédiée est idéale, mais, à défaut, cela peut aussi être un simple meuble dans lequel on boucle ses affaires à la fin de sa journée de travail”, explique Lucie Czap, ergonome au sein du groupe Pôle Prévention.

2 – Bien aménager son bureau

L’espace de travail choisie devra aussi répondre à des règles de confort et d’ergonomie puisque le télétravailleur va désormais y passer des journées de travail entières. Pour rappel, il est préférable d’être installé les pieds à plat sur le sol, la table à hauteur des coudes, le bord supérieur de l’écran au niveau des yeux, d’éviter les reflets sur l’écran, etc. Autant de critères qu’il est évidemment plus facile d’atteindre avec un mobilier professionnel (bureau et siège réglables) mais qui peuvent être obtenus de façon transitoire avec un peu de bon sens. Mieux vaut ainsi ne pas se placer dos à une fenêtre pour éviter les reflets de lumière sur son écran. Et rien n’empêche de placer quelques livres sous celui-ci pour le rehausser. En revanche, si le télétravail est appelé à perdurer, le salarié est invité à demander à son employeur le matériel nécessaire pour réaliser les aménagements qui lui permettront de travailler avec tout le confort requis.

3 – Organiser et planifier son travail

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Polyexpositions aux risques : tous concernés !

Une étude menée conjointement par l’Anses, Santé publique France et la Dares a établi que 97 % des salariés français étaient simultanément exposés à au moins deux facteurs de risques professionnels au cours de leur carrière (1). Or, ces polyexpositions peuvent avoir des effets spécifiques sur la santé des travailleurs concernés.

◊ Identifier les polyexpositions auxquelles sont soumis les travailleurs représente un enjeu majeur en matière de prévention des risques professionnels. En effet, le cumul des expositions joue un grand rôle dans le déclenchement de certaines pathologies.

Risques aggravés

Comme le relève la revue Travail & Sécurité, “l’exposition concomitante à des contraintes organisationnelles génératrices de stress et à des contraintes physiques est susceptible d’augmenter le risque de troubles musculosquelettiques (TMS), le travail à la chaleur et à un rythme soutenu accroît le risque d’accident cardiaque, l’exposition cumulée au bruit et à certaines substances chimiques accentue les risques de perte d’audition” (2).

12 profils identifiés

Afin de donner un tour plus pratique à leur exploration des polyexpositions, les auteurs de l’étude ont établi 12 profils types de travailleurs polyexposés classés selon les types de risques qu’ils cumulent. Du profil “A” se distinguant par “un travail peu exposé et un faible soutien social” au profil “L caractérisé par “une exposition délibérée à des agents biologiques et risques chimiques”, l’étude propose un panorama raisonné des risques professionnels.

Contraintes relationnelles

Par-delà la variété des situations résultant des caractéristiques de chaque métier, Clémence Fourneau, coordinatrice d’expertises scientifiques à l’Anses et pilote de cette étude, remarque que “les contraintes relationnelles et surtout organisationnelles affectent l’ensemble des salariés”. Elle confirme ainsi que l’évaluation et la prévention des risques professionnels exige de prendre en compte les spécificités de chaque entreprise.

(1) “Profils homogènes de travailleurs  polyexposés”, consultable sur www.anses.fr.
(2) Travail & Sécurité, n°833, janvier 2022.